N° 10 Editorial

µ

L'équinoxe d'automne est passé depuis quelque temps, et La Gazette a pris un peu de retard sur son échéancier normal. La faute en incombe à son rédacteur en chef, absorbé jusqu'au 20 septembre par une priorité plus urgente : le référendum sur l'Union européenne et la ratification du traité de Maastricht.

Enfin le scrutin est clos, et si l'étroitesse du résultat déçoit les partisans de l'Europe, son sens les soulage. Une approbation franche et massive aurait donné à l'Europe 1'élan populaire dont chacun regrette qu'elle manque. Mais un rejet aurait interdit pour longtemps l'institution de l'Union européenne fixée il y a exactement vingt ans comme objectif à la construction européenne. Le résultat ne ferme donc pas cette porte, mais il rend nécessaire la mobilisation de ceux qui veulent la voir franchir.

Le sens de la famille et le goût de l'histoire ne dispensent pas, en effet, de se tourner vers l'avenir, et d'apporter aujourd'hui sa pierre à sa construction. Notre oncle Frédéric Ozanam l'écrivait déjà, et mieux que nous : "entre le passé où sont nos souvenirs, et l'avenir où sont nos espérances, il y a le présent où sont nos devoirs. "

Pour Frédéric Ozanam comme pour nous et pour beaucoup de nos cousins, ces devoirs prennent la forme d'un engagement politique ou associatif. Mais 1'engagement politique est souvent, curieusement, dédaigné, voire méprisé. Il semblerait que le référendum du 20 septembre ait pu contribuer à le réhabiliter, en raison de l'absence d'enjeu électoral. La procédure référendaire aura au moins eu cette vertu.

 

Pierre JAILLARD

  In La gazette de l'île Barbe n° 10

automne 1992

 Sommaire