Geneviève
CROUÏGNEAU. NDLR - Nous
respectons la syntaxe, mais corrigeons " l'orthographe ), de
l'original qu'envieraient peut-être bien des
parents... mais qui dérouterait sûrement tous
les lecteurs ! Luisa
Gignoux-Goybet (1858-1938),
Victor Goybet (18651947) et Henri Goybet (1868-1958) sont la
soeur aînée et les frères cadets de Constance.
Henry (1790-1866) et Marie (1810-1908) Tabareau sont ses grand-oncle et grand-tante.
Victor
Bravais (1842-1929) est son
oncle. (...) Ce matin, je n'ai pas
été sage. Je faisais que me moquer de Luisa, et quand
j'ai dit une bêtise, elle s'est mise à rire. Alors j'ai
fait un tintamarre, parce que je disais qu'elle se moquait de moi.
Mais je pense que je serai plus sage une autre fois. (...)
(...) Ce matin, j'ai été
à ma leçon. Mademoiselle ne m'a pas trouvée
gentille, je n'ai eu que deux bons points, et aussi elle m'a bien
grondée. Si j'avais été à sa place et que
j'eus une petite fille aussi sotte comme moi, je lui aurais bien
donné le fouet, mais elle est si bonne qu'elle ne me l'a pas
donné. J'ai un petit ballon, qui coûte deux sous.
(...) Après le déjeuner,
j'ai fait du caramel avec mon frère Henri, mais je me suis
bien brûlé le doigt, ce qui me gênerait bien pour
écrire si ce n'était pas la main gauche. (...) Je suis
invitée pour aller chez une dame pour avoir une lanterne
magique. Ça m'amuse bien. (...) (...) Ça m'ennuyait bien de
sortir, alors Maman nous a dit de rendre des bouteilles au
pharmacien, et les sous qu'on rendrait seraient pour nous. J'ai
été bien contente et je suis sortie. (...) Il faut que
je descende dîner. Nous avons deux personnes : mon oncle et ma
tante Tabareau. (...) Je suis invitée avec ma
soeur chez une dame qui s'appelle madame Mérite. Nous allons y
passer toute la journée, et puis elle nous mènera
à la crèche et nous nous amuserons bien. (...) J'ai une
grande poupée qui aura deux ans au jour de l'an. (...)
Ce matin, c'était la
leçon de Luisa. Nous ne sommes pas sorties et j'ai bien fait
des devoirs. Seulement, je me suis mise en colère contre
Luisa, ce qui lui a fait bien de la peine, et puis j'ai jeté
les chaises par terre. Je dis bien que Luisa m'ennuie, mais je crois
que c'est moi qui ai tort. Pauvre fille ! Pauvre Luisa ! Ce matin, c'est la leçon de
piano de Luisa à huit heures et demie, et à trois
heures c'est sa leçon de tout. Je me suis bien amusée
avec mon petit frère Henri. Je disais que j'étais la
mère Croquemitaine, mais je lui ai fait peur. Je suis
entrée dans ma chambre et je lui ai dit de demander pardon
à la mère Croquemitaine. Alors le pauvre petit s'est
mis à genoux devant moi et m'a demandé pardon en
tremblant et il s'est mis à pleurer. Alors je l'ai pris sur
mes genoux, je l'ai embrassé, et ça l'a consolé.
(...) (...) Je ne suis pas allée
à la messe de minuit. J'avais bien envie d'y aller. Nous avons
eu du monde: 1°) ma marraine et son mari ; 2°) ma tante
Tabareau et mon oncle Bravais. Nous avons bien mangé des
bonbons. Aujourd'hui, je suis sortie avec Maman et j'ai acheté
premièrement deux pistolets de quatre sous, puis un de dix
sous. (...) Pendant ma leçon, j'ai dit
une bêtise. Voilà que tout d'un coup, j'ouvre mon
placard. Comme ça ennuyait Luisa que Mademoiselle voie son
linge, elle me fait de gros yeux, alors je dis à Mademoiselle
: « Tiens, voilà
Luisa qui me fait de gros yeux. » Alors Luisa m'a appelée et m'a dit
: « Tu es bête comme
un pot. » Ça m'a
bien fâchée, mais je ne lui ai rien dit. (...)
Aujourd'hui, c'est la leçon de
Luisa à quatre heures. Mademoiselle se peigne ordinairement
horriblement mal, et aujourd'hui, quel fut mon étonnement de
la voir si bien peignée. Devant, c'était
crêpé, derrière, c'était aussi joli que
devant. Elle avait aussi une très jolie robe grise garnie de
brun. C'était très joli. Son chapeau était la
même chose que les autres jours. (...) (...) Ce matin, j'ai fait une
scène parce que je voulais faire lire Henri et que Luisa l'a
fait lire avant moi. Alors j'ai crié, tapé du pied,
comme un petit enfant. Alors Maman n'a pas voulu me donner de la
confiture. Alors j'ai recommencé, mais je pense que je ne le
ferai plus. (...) Nous avons une de nos tantes
très malade. Elle va mourir. Nous allons être en deuil.
Oh mon Dieu, cette bonne tante qui meurt, elle qui nous a
donné quinze cents francs ! Oh, que c'est donc malheureux !
(...) (...) Maman va aller demander des
nouvelles de ma tante. Victor est allé dans un couvent pour
dire de prier pour sa marraine (car c'est sa marraine). Les soeurs
l'ont bien promis, mais enfin, Dieu fera ce qui lui plaira. (...)
(...) Aujourd'hui, nous sommes
allés aux bains, Victor, Henri et moi. Nous avons bien
crié. Il est vrai que Victor ne faisait que me jeter de l'eau
dans les yeux. La tante Périsse ne va pas mieux. In La gazette de l'île Barbe n° 10 Automne
1992