Parmi ces anniversaires, les
cinquantenaires occupent une place particulière, car ils
rapprochent deux générations. L'une n'a acquis qu'une
connaissance indirecte, tamisée par l'histoire, des
événements commémorés. L'autre en
conserve des souvenirs personnels, fonctions des circonstances dans
lesquelles ils ont été vécus. Cette subjectivité inspire trop
souvent un sentiment péjoratif aux dépositaires de ces
souvenirs. Parfois même, ils s'imposent une obligation de
discrétion à cet égard, de crainte d'ennuyer les
plus jeunes. Or la contribution des contemporains
d'événements historiques à notre mémoire
passe aussi par tous ces menus détails négligés
par les historiens et dont ils gardent seuls le souvenir. Ces
détails donnent une vie, une âme à une histoire
dont les livres ne peuvent nous retracer que le contexte
général. C'est la subjectivité même de ces
souvenirs qui leur confère tout leur intérêt pour
notre génération. Voici cinquante ans, la
génération antérieure à la nôtre a
vécu la Seconde Guerre mondiale. Elle seule pourra
évoquer cette période. La vocation de la Gazette
est bien, justement, de publier de telles contributions à la
mémoire familiale, quitte à devoir les susciter au
préalable... In La gazette de l'île Barbe n° 16 Printemps
1993