Compostelle 2000

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Domerie d'Aubrac, Saint-Chély-d'Aubrac,
29 avril 2000 (Henri Jaillard)

Au mois de mai avec un ami et mon frère Henri, nous avons eu la chance de pouvoir effectuer le classique parcours du Puy à Saint-Jean-Pied-de-Port par le GR 65, chemin de Saint-Jacques. Ce n’est certes pas un exploit : un mois à raison de 20 à 25 km par jour avec un sac de 8 kg au départ et de 6 kg à l’arrivée après nous être déchargés d’objets superflus.

Le chemin nous a également permis, autant que possible, de nous débarrasser de ce qui encombre inutilement notre quotidien. Les rencontres avec les autres pèlerins au cours de la route et à l’arrivée à l’étape nous forçaient naturellement à sortir de nous-mêmes. Avec une quinzaine de marcheurs partis le même jour du Puy, nous nous retrouvions avec joie, formant une grande famille, et grâce à une sorte de gazette du chemin, nous avions des nouvelles de ceux qui étaient plus avancés comme des retardataires qui marchaient moins vite.

Conques,
2 mai 2000 (H.J.)

Conques,
2 mai 2000 (H.J.)

Solidarité, amitiés, échanges sans fards entre jeunes et moins jeunes, courage des éclopés voulant arriver coûte que coûte à Saint-Jacques malgré leurs pieds couverts d’ampoules ou une tendinite (importance du choix des chaussures et de boire beaucoup d’eau). Des Belges, des Hollandais, des Allemands, une Suissesse partie de Berne à pied (son chemin passait par Yenne).

 

Le parcours, après les gorges de l’Allier, nous fait traverser l’Aubrac puis la vallée du Lot avant le passage obligé à Conques, où l’un de nos compagnons chante dans la basilique l’Ave Maria de Gounod (ou de Schubert ?). Notre chemin contourne Figeac et Cahors. Les signes " jacquaires " jalonnent notre route : croix de chemins où certains déposent un caillou en passant, chapelles et églises le plus souvent ouvertes. Tous les trois, nous entonnons le Salve Regina dans une de ces belles églises (chanté faux sans doute mais qu’importe, le cœur y était !). Tout au long du chemin, nous noircissons nos carnets de croquis.

 

Porte du Bourg
(M.J.)

Lauzerte,
9 mai 2000 (H.J.)

Ensuite, c’est l’arrivée à Moissac avec son cloître et son remarquable tympan. Nous traversons petits villages et champs du Rouergue, du Quercy, de la Gascogne, du Gers, du Béarn puis du Pays Basque (fronton, béret, espadrilles).

 

Montréal (Gers),
14 mai 2000 (H.J.)

Accueil le soir dans des gîtes communaux ou privés, tous munis de couvertures et d’une cuisine, ou gîtes à la ferme (retenir au fur et à mesure un à deux jours à l’avance).

 

 

Les habitants nous voient passer avec bienveillance et les chiens aussi, et c’est quand même quelque chose de penser que nous foulons des sentiers fréquentés depuis plus de dix siècles par une foule de pèlerins allant au tombeau de l’apôtre – chercher quoi ?…

  Eglise de l'hôpital de Cravencères,
16 mai 2000 (H.J.)

Au mois de septembre, nous espérons repartir de Saint-Jean-Pied-de-Port et parvenir à Saint-Jacques par le camino francés. Au retour, nous vous adresserons un nouveau billet si vous le désirez.

Navarrenx,
20 mai 2000 (H.J.)

Chapelle Saint-Nicolas d'Harambels, Ostabat-Asne,
22 mai 2000

Michel Jaillard.

Juin 2000.

in La gazette de l'île Barbe n° 41

 

 


Suite en Espagne

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Puente dela Reina,
28 août 2000 (Henri Jaillard)

Pendant le mois de septembre 2000, tous trois rescapés de l’été, nous sommes repartis pour notre second tronçon, Saint-Jean-Pied-de-Port–Santiago par Roncevaux, environ 750 km. Chaleur, poussière et un seul jour de pluie par chance.

Au fil du chemin, nous apprécions de plus en plus la nature, la glèbe dont nous sommes issus.

 

Notre-Dame des Pommiers, Castrojeriz,
5 septembre 2000 (M.J.)

Quels splendides levers de soleil !

Les provinces traversées, Navarre, Castille, León, Galice, sont bien différentes, alternant céréales, vignes, élevage, mais toutes riches en églises somptueuses et en souvenirs historiques. Le pays est attachant.

 

L’ambiance générale était assez différente du parcours français. Les gîtes sont nombreux et accueillants mais sommaires : ni couvertures ni alimentation ; on ne retient pas à l’avance. Beaucoup de " pèlerins " espagnols ; tous les âges et toutes les nationalités, ce qui nous a permis d’exercer nos talents linguistiques, mais les rencontres sont moins profondes.

 

El ayuntamiento (l'hôtel de ville), Astorga,
12 septembre 2000 (H.J.)

Carte de pèlerinage

Sur le chemin, chacun, solitaire et silencieux, a le temps de sombrer dans ses pensées à la recherche de l’essentiel avec un saint Jacques omniprésent. Le chemin de Saint-Jacques est avant tout un chemin intérieur.

Après un petit mois de marche, nous étions contents d’arriver au but mais avec un petit regret d’y être parvenu si vite, sans être certain d’avoir trouvé le sens des chemins à suivre pour le reste de nos jours.

 

Nous avons envie de repartir dans la vie bien sûr, mais aussi sur le chemin de Saint-Jacques, en pèlerins encore, pourquoi pas par la route d’Arles ? Et avec nos compagnes ?

 

Michel Jaillard.

Novembre 2000.

in La gazette de l'île Barbe n° 43

 

Santiago (Saint-Jacques-de-Compostelle),
20 septembre 2000 (H.J.)
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