De l’amour

Henri et Odile Jaillard ont fêté leurs noces d’or en juillet 2000 en Savoie, le 29 par une croisière avec déjeuner à bord de l’Aix-space sur le lac du Bourget et dans le canal de Savières, et le 30 par la messe dominicale à l’église paroissiale d’Aiguebelle. À cette occasion, ils ont recueilli divers textes lus par des invités au cours du déjeuner du 29 juillet ou trouvés par eux-mêmes. Les passages en caractères gras sont soulignés par eux.

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Être ensemble, encore une fois

Viens te mettre à côté de moi sur le banc devant la maison, femme. C’est bien ton droit, il va y avoir quarante ans [transformé en " cinquante ans " pour l’occasion. – NDLR.] qu’on est ensemble…

Voilà que les enfants à cette heure sont casés. Ils s’en sont allés par le monde, et de nouveau, on n’est rien que les deux, comme quand on a commencé.

Femme, te souviens-tu ? On n’avait rien pour commencer, tout était à faire. Et on s’y est mis, mais c’était dur. Il faut du courage, de la persévérance.

Il faut de l’amour, et l’amour n’est pas ce qu’on croit quand on commence.

Ce n’est pas seulement ces baisers qu’on échange, ces petits mots qu’on glisse à l’oreille, ou bien de se tenir serrés l’un contre l’autre : le temps de la vie est long, le jour des noces n’est qu’un jour, c’est ensuite, tu te rappelles, c’est seulement ensuite qu’a commencé la vie.

Il faut faire, c’est défait : il faut refaire et c’est défait encore… Il y a des fois qu’on désespère ; et les années se suivent, et on n’avance pas, et il semble souvent qu’on revient en arrière.

Te souviens-tu, femme, ou quoi ?

Tous ces soucis, tous ces tracas : seulement tu as été là. On est resté fidèle l’un à l’autre. Et c’est ainsi que j’ai pu m’appuyer sur toi, et toi tu t’appuyais sur moi.

C’est pourquoi mets-toi à côté de moi et puis regarde, car c’est le temps de la récolte et le temps des engrangements.

Quand il fait rose comme ce soir, et une poussière rose monte partout entre les arbres.

Mets-toi contre moi, on ne parlera pas ; on n’a plus besoin de rien se dire. On n’a besoin que d’être ensemble encore une fois, et de laisser venir la nuit dans le contentement de la tâche accomplie.

Charles-Ferdinand Ramuz.

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Chacun aime à sa manière, mais la meilleure manière d’aimer, c’est d’aimer démesurément.

Théodore Ratisbonne.

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L’Évangile en trois mots

Et nous, nous connaissons, pour y avoir cru,
l’amour que Dieu manifeste au milieu de nous.
Dieu est amour :
qui demeure dans l’amour
demeure en Dieu et Dieu demeure en lui.

(1 Jn, IV, 16.)

Voici ce qu’est l’amour :
ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés.

(1 Jn, IV, 10.)

L’amour ne disparaît jamais.

(1 Co, XIII, 8.)

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Apprends-moi

Seigneur,
Donne-moi de voir les choses à faire
Sans oublier les personnes à aimer,
Et de voir les personnes à aimer
Sans oublier les choses à faire.
 
Donne-moi de voir les vrais besoins des autres.
C’est si difficile
De ne pas vouloir à la place des autres,
De ne pas répondre à la place des autres,
De ne pas décider à la place des autres.
C’est si difficile, Seigneur,
De ne pas prendre ses désirs
Pour les désirs des autres,
Et de comprendre les désirs des autres
Quand ils sont si différents des nôtres !
 
Seigneur, donne-moi de voir
Ce que Tu attends de moi parmi les autres.
Enracine au plus profond de moi cette certitude :
On ne fait pas le bonheur des autres sans eux…
 
Seigneur, apprends-moi
À faire les choses en aimant les personnes.
Apprends-moi à aimer les personnes
Pour ne trouver ma joie
Qu’en faisant quelque chose pour elles,
Et pour qu’un jour elles sachent
Que Toi seul, Seigneur, es l’Amour.

 

 

 

 

 

Norbert Segard.

 

 

 

 

 

Député, ministre des Postes et Télécommunications,

 

 

 

 

 

mort d’un cancer en 1981.

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À la fin du jour,
C’est sur l’amour
Que vous serez jugés.
 
Celui qui aime
Ni ne fatigue
Ni ne se fatigue.
 
Le seul langage
Que notre Dieu entende
Est celui du silencieux amour.

Saint Jean de la Croix.

in La gazette de l'île Barbe n° 42

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