Vincent d’Indy est né
le 27 mars 1851, et la délégation aux
Célébrations nationales de la direction des Archives de
France a signalé ce cent-cinquantième anniversaire. Il
y a cinquante ans, le centenaire de sa naissance avait
été marqué par une exécution de son œuvre
Fervaal. Vincent d’Indy était le fils
d’un cousin hermet de germains de notre trisaïeul Jules Goybet
(cf. le Mémorial de Lyon
en 1793, tome X, ZC.21). Il
cousinait volontiers avec le gendre de celui-ci, Joseph Jaillard,
père d’Henri Jaillard, de Magdeleine Lepercq et de Louise de
Raucourt. Ils correspondaient au sujet de la vie musicale et se
retrouvaient à Lyon, par où Vincent d’Indy passait
entre son domicile de Paris et son château de Chabret en
Vivarais, pour jouer ensemble du piano. Il fut considéré entre
1890 et 1920 comme l’un des compositeurs les plus importants de
l’école française. Élève de César
Franck, à qui il voua toute sa vie un véritable culte,
il fut son successeur, à sa mort, à la direction de la
Société nationale. Ce fut un auteur fécond. La
symphonie Cévenole
est son œuvre aujourd’hui la
plus populaire. C’est toutefois par son enseignement qu’il eut une
importance exceptionnelle sur les musiciens du début du
siècle. Il les forma avec son cours de composition musicale
à compter de 1896 à la Schola cantorum, dont il fut l’un des cofondateurs, puis au
Conservatoire, à partir de 1912. Danièle
Neirinck. Chargée par intérim de la
délégation aux Célébrations
nationales. In
Célébrations nationales 2001,
édité
par le ministère de la Culture et de
la Communication, direction des Archives de France,
délégation aux
Célébrations nationales, Paris, 2000, p.
119. Certes, c’est au théâtre
que l’on aurait souhaité retrouver Fervaal, puisque l’œuvre de Vincent d’Indy fut
conçue pour la scène et qu’elle y parut le 12 mars 1897
à la Monnaie, avant d’être donnée à
l’Opéra-Comique le 10 mai de l’année suivante. Mais les
circonstances en empêchant la reprise, il était
désirable que Fervaal
ne fût pas absent
néanmoins des programmes exécutés à
l’occasion du centenaire du maître. Et c’est presque au jour
anniversaire de sa naissance – le 27 mars – que l’Orchestre
radiolyrique, les chœurs de René Alix et quelques solistes de
choix en ont fait entendre de très larges extraits à la
salle Pleyel. Immobiliser, dépouiller une
" action musicale " – c’est ainsi que d’Indy définit
Fervaal – pour la transporter de la scène au
concert, c’est l’amoindrir, même lorsqu’il s’agit d’une
légende symbolique dont tout le mouvement est d’ordre
psychologique plutôt qu’extérieur. Mais Fervaal n’a pas trop souffert de l’épreuve :
l’ouvrage a supporté les injures du temps sans en être
amoindri. Si, depuis sa création, bien des choses sont venues
dont nous avons subi la séduction, la musique de d’Indy garde
une grandeur sereine. La forme a vieilli ? Peut-être,
mais point tant qu’on l’a dit : c’est le sort de toutes les
créations de l’esprit de porter la marque de l’époque
où elles ont été conçues. Mais si le plus
grand nombre d’entre elles, lorsqu’on tente de les tirer de l’oubli,
paraissent exsangues et décharnées, d’autres, plus
rares, se retrouvent pleines de force et prêtes à
reprendre leur place parmi les créations vivantes : il en est
ainsi de Fervaal.
René
Dumesnil. In
le Monde,
20 mars
1951.
In
La Gazette de
l'île Barbe
n°44