Ce qui se passe dans le monde…
et ce qui se passe dans la rue,
sous nos fenêtres…

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Il s’est passé tant de choses graves dans le monde depuis ce 11 septembre, que parler d’un fait divers peut sembler dérisoire. Pourtant celui-là a quelque chose de significatif. Il s’est passé sous nos fenêtres qui étaient ouvertes, au petit matin d’une journée de juillet…

[Parmi les bruits de la rue]

Évidemment, fenêtres ouvertes, on entend tous les bruits de la rue et l’on devine plus ou moins ce qui s’y passe.

Ce jour-là, 16 juillet, on entendait le croassement bruyant des corbeaux du voisinage, ce qui n’a rien d’extraordinaire ; notre région parisienne n’est pas dépourvue de vie animale : en particulier les oiseaux se sentent à l’aise chez nous. En même temps, on percevait un cri un peu hésitant, sporadique… on aurait dit un chat, mais ma femme n’a pas tardé à reconnaître le cri d’un bébé. En regardant dehors, toute hésitation devenait impossible : il s’agissait bien d’un bébé qui venait de naître et d’une jeune femme en train d’accoucher. Inutile de dire que nous avons descendu à grande vitesse nos deux étages d’escalier… ma femme, arrivée la première, a pris dans ses bras un bébé tout gluant, qui était déposé par terre sur un sac en plastique. Son premier réflexe était de rapporter chez nous pour le réchauffer ce bébé dont personne ne s’occupait. La mère était debout ; elle avait accouché assise sur un muret et coupé le cordon avec ses ciseaux. " Est-ce que je peux venir aussi ? " a-t-elle demandé timidement. " Bien sûr ! "

C’est comme cela qu’elle est montée chez nous, en laissant de grandes traces de sang dans l’escalier… et qu’elle s’est retrouvée dans notre lit, qui n’avait pas eu le temps de refroidir !

La suite de l’histoire… Sachez qu’en pareil cas on fait le 15 pour appeler le SAMU, et qu’après environ dix minutes d’attente vous voyez arriver les pompiers, c’est-à-dire une équipe de jeunes hommes que l’on ne s’attend pas à voir capables de soigner une femme et son bébé. Mais finalement les pompiers de Paris font face à toutes les situations avec dévouement et compétence. Le bébé a été dûment traité : lavage, prise de température (de 34°C, il est remonté à une température normale), gouttes dans les yeux, nettoyage des voies respiratoires.

C’est une joie extraordinaire de voir la vie se déployer ; car le bébé en question a tout de suite montré une extraordinaire vitalité et une extraordinaire vigueur. Et finalement, nous partagions tous une joie de jeunesse, nous qui sommes dans les 70 ans et les pompiers qui n’en ont pas beaucoup plus que 25, parce que ce bébé, au lieu de mourir, montrait qu’il était pleinement vivant.

Quant à la mère, il ne s’agit pas d’une attardée mentale, pas d’un cas social… C’est une fille de 19 ans, une élève de terminale dans un lycée, dont personne, jusqu’à la fin de l’année scolaire, ne soupçonnait la situation ; un mois plus tôt, elle passait son bac ; elle venait d’être reçue. Une fille intelligente et même brillante… Après tout, elle aurait pu être votre propre fille.

[Rester ouvert aux détresses du monde]

Pourquoi vous raconter cette histoire, dont vous ignorez le contexte, qu’il ne m’appartient pas de divulguer ?

En fait, j’ai hésité à jeter sur la place publique ce " fait divers ". Mais il est bon parfois de prendre conscience de ce qui se passe réellement sous nos fenêtres.

N’est-ce pas une invitation à garder nos yeux et notre cœur ouverts sur les détresses de notre monde ?

Peut-être aussi une occasion de s’interroger sur la mentalité ambiante qui accorde si peu de prix à la vie des enfants à naître et devient totalement inhumaine.

Notre Mouvement s’oriente vers les soins palliatifs : c’est sans doute un besoin réel ; mais ce n’est pas une raison pour oublier la défense des droits des enfants à naître.

Enfin, remarquez l’humour du Seigneur. Dimanche 15 juillet, nous entendions à la messe l’évangile du bon Samaritain. Lundi 16, le Seigneur nous proposait un exercice pratique. Mardi 17, la liturgie du jour nous faisait lire un récit vieux de quelques millénaires ; il s’agissait de la fille d’un pharaon égyptien qui découvrait un bébé abandonné sur les rives du Nil : c’était Moïse.

Henri Joubert.

Responsable diocésain
du Mouvement des chrétiens retraités (MCR) des Hauts-de-Seine.

In Nouvel Essor.

In La gazette de l'île Barbe n° 47 

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