Voici l’histoire d’une ancienne majorette

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J’ai commencé à l’âge de 9 ans, jusqu’à 15 ans, à Pont-Saint-Esprit (ville où habitent mes parents). À 9 ans, j’étais déjà plus grande que la moyenne, et j’avais une cousine un peu plus âgée qui était à l’époque capitaine du bataillon. Elle m’a poussée à entrer dans le groupe. Au début, j’ai commencé par défiler avec un grand et lourd drapeau où était brodé : « bataillon de majorettes de Pont-Saint-Esprit ». Je me souviens très bien que l’on portait des bottes blanches avec de hauts talons, un chapeau blanc très haut avec une grande plume rouge, certainement une plume d’autruche. Le costume était rouge avec des galons dorés et, sous la jupe, on portait une jolie culotte à grosses paillettes de couleur or.

Avant chaque défilé, maman me faisait un chignon avec mes vrais cheveux (à l’époque, ils étaient longs), et par-dessus ce chignon, elle rajoutait un faux chignon. J’emportais toujours avec moi mon vanity, où je mettais des barrettes, un collant de rechange, du maquillage, etc. J’étais déjà coquette à 9 ans !

Pendant les cours, j’apprenais à manier la baguette, et j’y prenais goût rapidement. On m’a alors mis dans les rangs, où je marchais (une, deux, une, deux…), la main gauche à la taille, et de la main droite, je balançais d’avant en arrière la baguette. Ensuite, on apprenait des enchaînements de baguette, qui, de temps en temps, allait taper contre la voisine : ouille ! ouille ! Presque tous les dimanches, nous partions dans les fêtes votives, les corsos, en car, dans les villes ou les villages avoisinants. On marchait pendant des heures. La fanfare qui nous accompagnait s’appelait : « l’Harmonie de la basse Ardèche ».

Au fil des années, je me suis perfectionnée, et j’apprenais très vite. On m’a alors initée au cerceau, puis à la baguette fluorescente, au petit drapeau, au ruban, et pour finir à la baguette de feu (on sentait parfois le cochon brûlé !).

À la fin de ma « carrière » dans les majorettes, qui d’ailleurs n’étaient plus appelées comme ça mais « twirling bâton », on partait faire des compétitions, et là, j’ai vu des filles manier deux, trois baguettes à la fois ; c’était impressionnant et magnifique. Notre capitaine était la meilleure de la région au lancer de baguettes. Elle pouvait lancer trois baguettes l’une après l’autre sans les faire tomber et pendant de très longues minutes… Elle tournait trois, voire quatre fois sur place. Cela nous a permis de remporter des trophées.

Aujourd’hui, le twirling bâton est devenu très sportif et très artistique. On ne voit presque plus de défilés de majorettes dans les rues. Ce ne sont plus que des compétitions en salles. Le style a changé.

J’en garde de très bons souvenirs, à la fois pour le côté voyages et pour avoir porté de très jolis costumes.

Christelle [Ribeyron].

Dis-moi, n° 10, été 2002.

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in La gazette de l'île Barbe n° 55

Hiver 2003

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