Je, soussigné, Aimé,
André Pariset, étant dans ma soixante-quinzième
année, et considérant l'incertitude de l'heure de la
mort, ai résolu de faire mes dispositions de dernières
volontés. Je les consigne au présent
écrit. Je recommande mon âme à
Dieu, et le prie de la recevoir dans sa miséricorde par les
mérites de Notre Seigneur Jésus-Christ, Son Fils
unique, notre Rédempteur. J'ai vécu et mon vœu est de
mourir dans le sein de l'Église catholique, apostolique et
romaine. Au milieu des doutes, des troubles, des agitations d'esprit
et des faiblesses de l'humanité, c'est là vraiment que
se trouvent le calme et le salut, et quelles que soient les traverses
qui puissent encore lui être réservées, je prie
mes enfants de s'y tenir fermement attachés et de ne pas
dévier de sa foi. Je recommande à mes enfants la
plus grande simplicité dans mes obsèques et
enterrement, où nous devons surtout avoir en vue et rechercher
les prières de l'Église. Je désire qu'on
s'abstienne notamment de tout cortège et honneurs
militaires. [Déchiré. -
NDLR.] Le dernier tiers de la portion
réservée ci-dessus devra être placé d'une
manière sûre par les soins de mon exécuteur
testamentaire, et je veux que les intérêts qui en
proviendront soient annuellement appliqués, sous
déduction d'une somme de cinq cents francs dont la destination
sera indiquée ci-après, à l'instruction et
à l'éducation de mon petit-fils Paul, Marie,
Aimé Poirot de Scellier jusqu'à ce qu'il ait atteint
l'âge de vingt-et-un ans. Ces intérêts seront
remis au fur et à mesure de l'échéance à
sa mère et tutrice, Mme Marie, Amélie, Nicole Pariset,
ma fille, sans qu'elle soit tenue d'en rendre aucun compte.
[Déchiré. -
NDLR.] [Déchiré. - NDLR.]
le prélèvement
annuel est indiqué dans l'article ci-dessus pendant la
durée de jouissance du placement dont il y est question, devra
être employée à aider le jeune Gustave Amic dans
les dépenses de son entretien et de son éducation.
Gustave Amic est orphelin, et je prie mes enfants de tâcher de
lui continuer cette subvention jusqu'à sa majorité.
Vous devez cela à la mémoire de leur excellente
mère [sic]. Dans le cas où la force de la
succession dépasserait le chiffre prévu à
l'article 2 ci-dessus, le surplus sera partagé par
égales parties entre mes deux enfants. Ils s'entendront pour le partage des
meubles et objets mobiliers qu'ils désireraient conserver. Je
lègue spécialement à mon fils la caisse de
plaqué et à ma fille le linge de lit et de
table. Il est à observer que sur les
caisses d'argenterie et couteaux de table et à dessert, il a
été prélevé une douzaine et demie de
couverts, cuillers à café et couteaux de table et
à dessert, qui ont été compris dans le trousseau
de la fille, lors de son mariage. Le partage n'aura donc à
porter que sur le surplus à cet égard. Si l'on doit faire inventaire, il sera
inutile d'y comprendre aucuns papiers autres que ceux de
propriété et les titres de valeurs industrielles. Il
n'y a rien en dehors qui ait aucune portée ni aucun
intérêt d'affaires. Les enfants de Mme Marie,
Amélie, Nicole Pariset, ma fille, aujourd'hui épouse de
M. Segond, ont un intérêt assez considérable dans
la succession de Mme Veuve Maurrasée Rose
Lanondouette[ou Lanoudouette ? -
NDLR.],
décédée à l'île Saint-Martin,
dépendance de la Guadeloupe, en juin 1867. Jusqu'à
présent, cette affaire n'a pu encore être
réglée par suite du retard que le Conseil d'État
met à statuer sur la demande qui lui a été
soumise en autorisation d'acceptation des legs faits par Mme
Maurrasà la fabrique et au bureau de bienfaisance de
Saint-Martin. Les pièces établissant les droits de la
famille, même le consentement des légataires universels
à la délivrance de ces legs sont réunis entre
les mains de Me Bernon, notaire, de sorte que le moment venu
où il sera possible de procéder à la liquidation
de la portion de cette succession en France, il ne saurait y avoir de
difficultés. Tout cet avoir, d'ailleurs, dont j'avais ici la
gestion, est assis en rentes sur l'État ou en obligations
à 3 % de chemins de fer et de la Société
immobilière, dont les titres sont dans une chemise
spéciale dans mon portefeuille, et les produits que j'ai
continué à recevoir depuis la mort de Mme Maurrasen
grande partie déposés chez le notaire, Me
Bernon. Quoique je compte sur l'affection de
mes enfants pour s'entendre relativement à l'exécution
des présentes dispositions, cependant comme des
formalités pourraient devenir nécessaires, je nomme et
institue pour mon exécuteur testamentaire Me Marie, Alexis,
Michel, Ernest Pariset, mon fils, et à son défaut Me
Victor Corby, employé de la préfecture de la Seine. Me
Victor Corby ne me refusera pas, j'ose l'espérer, le bon
office que j'attends, le cas échéant, de son
obligeance, en souvenir de la longue amitié qui me lie
à son excellent père. Fait à Boulogne, le
vingt-cinq mai mil huit cent soixante-neuf. A[imé]
PARISET. Manuscrit
conservé par Madeleine Pariset. in
La gazette de
l'île Barbe
n° 60, printemps 2005