Joseph Pariset fut notaire à
Curciat-Dongalon pendant de longues années, vers le milieu du
XIXe siècle. C'est un personnage qui n'a pas
laissé, sur le plan professionnel, des souvenirs vivaces dans
la mémoire des gens de Curciat. En revanche, il était
très proche de la nature, un peu écologiste avant
l'heure, et s'intéressait beaucoup aux plantes. Il avait
installé un élevage de vers à soie dans son
grenier et, surtout, il avait planté un verger très
important à base de poiriers, comme c'était la mode
à l'époque. Il semait et sélectionnait de
nouvelles variétés fruitières et avait acquis
dans ce domaine une notoriété qui dépassa le
cadre de la Bresse. Au concours agricole de Bourg en 1859,
il exposa 90 variétés de poires et reçut une
médaille d'argent pour sa collection. Voici ce qu'en dit le
chroniqueur du Journal du
Sud-Est : "le concours
d'amateurs, le premier prix a été accordé
à M. Pariset, de Curciat-Dongalon, pour sa belle collection de
poires composée de 90 variétés, dont quatre
issues de semis. Une de ces quatre variétés a
déjà été dégustée par le
Congrès pomologique et jugée digne de figurer sur les
catalogues. Il serait à désirer que l'heureux obtenteur
de ces nouveautés pût indiquer de quelles sources elles
sont issues…" Sur ces quatre variétés,
deux nous sont connues. Celle qui fut dégustée par le
Congrès pomologique s'appelle Saint-Germain-Puvis, sans doute
issue d'un semis de poire Saint-Germain, qui est une ancienne
variété très peu cultivée actuellement
car l'arbre est faible et peu résistant. La création de
M. Pariset est certainement une amélioration de cette
variété. Elle fut inscrite de nombreuses années
sur le catalogue de la Société pomologique, puis fut
rayée. J'ignore pour quelles raisons. André Leroy, l'un
des plus importants pépiniéristes du
XIXe siècle, a écrit un ouvrage en
quatre volumes, Le Dictionnaire
pomologique, de renommée
mondiale, dans lequel il décrit 900 variétés de
poires. Nous y trouvons en bonne place la variété de
Saint-Germain-Puvis. Voici ce qu'en dit André Leroy :
"provient du département de l'Ain, où M. Pariset, de
Curciat-Dongalon, l'obtenait en 1842. M. Puvis, auquel on l'a
dédié, fut longtemps président de la
Société d'émulation de l'Ain." L'autre
variété créée par Joseph Pariset nous est
connue uniquement de l'ouvrage d'Alphonse Mas, le pomologiste
bressan, qui écrivit son livre Le Verger
vers 1870. Cette variété, appelée
beurré-Varennes de Fenille, est classée dans les poires
d'hiver et jugée très intéressante par Alphonse
Mas. Il semble qu'Alphonse Mas ait eu des rapports assez nombreux
avec Joseph Pariset. Peut-être est-il même venu à
Curciat… La Société d'horticulture
de l'Ain encourageait, à cette époque, les instituteurs
qui enseignaient l'horticulture à leurs élèves.
Nous trouvons, dans un des bulletins de cette société,
un article très intéressant concernant l'instituteur de
Curciat : ". Chaffrengeon, à
Curciat-Dongalon ; prime de 45 F. M. Chaffrengeon est à
Curciat depuis 1854 ; il a commencé en 1855 son enseignement
agricole. Près de la maison d'école, il y avait un
terrain nu et inculte depuis deux ans. Aujourd'hui, on y trouve un
jardin de 4 ares, une terre-verger de 16 ares, une
pépinière d'un are, en tout 21 ares cultivés. Le
jardin contient 39 arbres de diverses formes, des groseillers et des
rosiers ; le verger a 182 arbres également de formes diverses
; la pépinière a 125 arbres, parmi lesquels des
néfliers, des sorbiers et des figuiers. La cour contient en
outre 14 arbres divers. La totalité des arbres plantés
par M. Chaffrengeon est donc de 360. ". Chaffrengeon a été
dirigé dans la culture de ses arbres par M. Pariset, notaire
à Curciat. Il ne pouvait être à meilleure
école. Voici les détails que donne M. Pariset sur les
arbres de M. Chaffrengeon : "La commune ne lui a fourni ni arbres ni
fumier ; il a acheté quelques arbres et il a
élevé le plus grand nombre. Ils paraissaient avoir six
ou sept ans de plantation et sont bien conduits, les branches sont
bien étagées, le pincement a été fait
régulièrement et avec succès." M. Pariset ajoute
que M. Chaffrengeon transmet très consciencieusement ces
leçons aux enfants de son école." Pierre
BASSET. In Petites Histoires de pommes et autres
fruits.
in
La gazette de
l'île Barbe
n° 61, été 2005