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Douce promesse

En ce samedi du 9 juin 2007, la voiture conduite par André (départ du Puy) prend la direction du Midi, car nous allons à Istres : Chantal, André, Hervé, Bernadette et moi-même, retrouvant en route celle de Guy avec Fabienne, Sabine et Laureline. Oui, nous allons à Istres, ville d’adolescence de mon Trésor, pour y accomplir à sa demande ce dernier geste qui, pour nous, est un geste d’amour. Et pendant deux jours, nous allons découvrir sa ville, que je connaissais déjà, y étant venue avec lui plusieurs fois.

Le Castellan, hôtel très bien, chambres élégantes ; gentillesse et sourires du patron ; ce sera notre port d’attache pour le séjour.

L’hôtel est à deux pas de l’étang de l’Olivier, étang si souvent l’objet de souvenirs décrits par mon Trésor [Dis-moi, n° 9. — NDLR de Dis-moi]. Et nous voilà tous autour de cet étang magnifique, où l’eau scintille sous le soleil et frissonne sous la brise légère, laissant peut-être notre imagination saisir des scènes joyeuses tant d’années en arrière vécues par cette famille heureuse. Notre cousine Jeanine, de Marseille, est avec nous, ainsi que son beau-frère Simon. Notre émotion est grande ! Tous ensemble, nous accomplissons cette dernière promesse faite à m’Amour… à papy Julien !… Les yeux sont parfois remplis de larmes, mais malgré cela, nous sommes heureux.

[Dans les pas de Julien]

Fin d’après-midi : promenade dans la ville, qui est importante (48 200 habitants). Il fait chaud, il fait soif !… Vite, une boisson fraîche, et nous repartons à sa découverte. Nos pas nous ramènent dans le secteur de notre hôtel, où se trouve la deuxième maison de Julien : mitoyenne au cimetière avec un toit surélevé… c’est certainement celle-là ! Nous vérifierons demain matin.

Après le repas du soir, nous allons découvrir Istres la nuit. Du théâtre de l’Olivier, une musique nous arrive car il y a un spectacle de danses. Voilà la place de la porte d’Arles, décorée de deux guirlandes fleuries. Deux fontaines placées de part et d’autre de l’entrée sont dites de Saint-Éloi. Puis la rue de la Juiverie et la place du Puits-Neuf, où se trouve la première maison de la famille Jaillard, où le papa de Julien avait une fabrique de limonade [Dis-moi, n° 11. — NDLR de Dis-moi]. Depuis, cette maison est devenue le musée. Par les ruelles étroites, au milieu des maisons fleuries et de nombreux escaliers, nous nous dirigeons vers l’église paroissiale : « Notre-Dame-de-Beauvoir », de type roman provençal. M’Amour y a fait sa première communion en 1931. Sur les marches, des petits cœurs blancs et roses nous disent qu’il y a eu un mariage dans l’après-midi. Tout en haut d’une des tours accolées de l’église, un chat en équilibre, immobile, guette les oiseaux qui volent autour de lui. Sur l’emplacement d’une chapelle disparue depuis longtemps a été fait une petite aire de repos, avec table d’orientation. De là, nous admirons la ville à nos pieds. C’est l’heure de faire dodo. Nous rentrons sagement à l’hôtel.

Dimanche matin, nous voilà à nouveau devant la deuxième maison. Oui, c’est bien celle-là ; et… surprise ! c’est maintenant un adorable restaurant, discret de l’extérieur mais que de charme à l’intérieur !, et qui s’appelle Au temps des mets, 18, chemin de Tivoli. Hélas, il est complet ; malgré notre insistance, impossible de fléchir le chef. Peut-être un jour aurons-nous la chance de passer quelques heures dans ce lieu où Julien, Gaby, parrain et mamy ont vécu. Nous cherchons un restaurant pour midi, et nous revoilà devant l’église, cette fois avec les appareils photo.

Fabienne vient de voir au passage une enseigne Chez papy ; c’est là que nous déjeunerons. À nouveau dans la ville basse, remontant le cours Jean-Jaurès, vraiment tout au bout se trouve « l’école du bout d’Istres », au carrefour des routes de Martigues et de Fos-sur-Mer… M’Amour y décrochera son certificat d’études le mercredi 29 juin 1932 avec mention « bien » !… Son nom est maintenant « collège Pasteur ».

Après le repas, à nouveau devant le musée, nous y entrons pour voir le puits découvert pendant les travaux qui transformaient la maison de m’Amour en ce lieu public qu’il a été si heureux de revoir lors de nos sorties à Istres, comme d’autres endroits de sa vie, bien sûr.

Puis ce fut le départ.

[De nouveaux souvenirs]

Ce week-end de juin restera dans le cœur de chacun et chacune plein d’émotions et de souvenirs. Et tes enfants, heureux sans doute d’avoir découvert ce coin de Provence et d’avoir mis leurs pas dans ceux de leur papa et de leurs grands-parents, garderont ces quelques heures dans un coin de leur mémoire ! Merci, m’Amour, d’avoir fait avec moi le partage de tous tes merveilleux souvenirs !…

Lyse [Jaillard].

Dis-moi, n° 21, hiver 2007-2008, p. 3.

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In La gazette de l'île Barbe n° 73

Automne 2008

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