Charles Jaillard NDLR. — Le père Neyrat ici
mentionné est Camille Neyrat (« la famille
Neyrat », supplément au n° 22, 4,4), oncle
de notre trisaïeule Louise Jaillard-Neyrat. Sous la Restauration, on organise des missions
dans toute la France pour rechristianiser le pays. Celles-ci
consistent en trois jours de prêches énergiques
conduisant à de nombreuses confessions, clôturés
par une messe solennelle et suivis par l’érection d’une
croix. En souvenir de celle de la paroisse de La
Guillotière, un ex-voto a été
déposé à Fourvière. On y voit
le curé Neyrat agenouillé, levant les yeux vers une Vierge
à l’Enfant située dans l’espace céleste.
Derrière lui, l’abbé Coindre — futur fondateur des
Frères de l’instruction chrétienne, dits du
Sacré Cœur, et prédicateur de la mission — tient la
croix de la main gauche tandis que, du bras droit levé, il
désigne la Vierge et son Enfant tout en regardant les
paroissiens agenouillés comme pour les exhorter à la
prière. Un robuste ouvrier en gilet rouge, manches de chemise
relevées, aide le prêtre à dresser la croix.
Celle-ci est sur le modèle fourni par les Pères
missionnaires de Lyon et du Puy : en fer forgé sans soudure,
ornée d’attributs en laiton doré. À
l’intersection, le cœur du Sauveur cerné de la couronne
d’épines est entouré, entre les branches, d’une gloire
rayonnante. Les extrémités des trois branches
supérieures de la croix sont prolongées par des flammes
de même métal, tandis qu’à la base, trois
épis de blé, également dorés, sont
insérés dans la structure en fer forgé. Au pied
de la croix, plusieurs personnages sont à genoux. Au premier
plan, un homme et une femme avec son enfant, qui l’étreint,
prient les yeux levés vers la Vierge dont l’Enfant esquisse un
geste bénissant. À l’arrière-plan, on identifie
une arche du pont sur la Rize, les bâtiments de la
Charité et de l’Hôtel-Dieu avec son dôme, la
maison de Lorette appartenant à Pauline Jaricot et, au sommet
de la colline, le sanctuaire de Fourvière. La croix provenait
des abords immédiats du pont sur la Rize, où elle
signalait aux voyageurs qu’ils quittaient Lyon pour le
Dauphiné. La décision de détourner la Rize au
début de la Restauration, peut-être en 1817, ayant
enlevé tout intérêt à cet emplacement,
monsieur Neyrat, curé de Saint-Louis de 1817 à 1829, aurait
décidé de la faire transporter sur une place qu’on
appellera place de la Croix et qui changera plusieurs fois de nom
avant de devenir place Stalingrad en 1946. À la suite de
travaux de rénovation de la voirie en 1855, cette croix a
disparu [Communication de monsieur
René Janin. — NDLA.]. Il semble
que le choix du paysage et de la forme de la croix soient ici
davantage inspirés par les symboles de La Guillotière
et de la mission que par la réalité historique.
F.D.T. Catalogue d’exposition au
musée de Fourvière, p. 23. In La gazette de l'île Barbe
n° 75 Hiver 2008
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