Simple action de grâces

Mission de La Guillotière

1818

Cet ex-voto est exposé au musée de Fourvière jusqu’au 5 janvier 2009, parmi des ex-voto qui ont été restaurés et sont le souvenir de quelques événements lyonnais.

Charles Jaillard

NDLR. — Le père Neyrat ici mentionné est Camille Neyrat (« la famille Neyrat », supplément au n° 22, 4,4), oncle de notre trisaïeule Louise Jaillard-Neyrat.

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Sous la Restauration, on organise des missions dans toute la France pour rechristianiser le pays. Celles-ci consistent en trois jours de prêches énergiques conduisant à de nombreuses confessions, clôturés par une messe solennelle et suivis par l’érection d’une croix.

En souvenir de celle de la paroisse de La Guillotière, un ex-voto a été déposé à Fourvière. On y voit le curé Neyrat agenouillé, levant les yeux vers une Vierge à l’Enfant située dans l’espace céleste. Derrière lui, l’abbé Coindre — futur fondateur des Frères de l’instruction chrétienne, dits du Sacré Cœur, et prédicateur de la mission — tient la croix de la main gauche tandis que, du bras droit levé, il désigne la Vierge et son Enfant tout en regardant les paroissiens agenouillés comme pour les exhorter à la prière. Un robuste ouvrier en gilet rouge, manches de chemise relevées, aide le prêtre à dresser la croix. Celle-ci est sur le modèle fourni par les Pères missionnaires de Lyon et du Puy : en fer forgé sans soudure, ornée d’attributs en laiton doré. À l’intersection, le cœur du Sauveur cerné de la couronne d’épines est entouré, entre les branches, d’une gloire rayonnante. Les extrémités des trois branches supérieures de la croix sont prolongées par des flammes de même métal, tandis qu’à la base, trois épis de blé, également dorés, sont insérés dans la structure en fer forgé. Au pied de la croix, plusieurs personnages sont à genoux. Au premier plan, un homme et une femme avec son enfant, qui l’étreint, prient les yeux levés vers la Vierge dont l’Enfant esquisse un geste bénissant. À l’arrière-plan, on identifie une arche du pont sur la Rize, les bâtiments de la Charité et de l’Hôtel-Dieu avec son dôme, la maison de Lorette appartenant à Pauline Jaricot et, au sommet de la colline, le sanctuaire de Fourvière. La croix provenait des abords immédiats du pont sur la Rize, où elle signalait aux voyageurs qu’ils quittaient Lyon pour le Dauphiné. La décision de détourner la Rize au début de la Restauration, peut-être en 1817, ayant enlevé tout intérêt à cet emplacement, monsieur Neyrat, curé de Saint-Louis de 1817 à 1829, aurait décidé de la faire transporter sur une place qu’on appellera place de la Croix et qui changera plusieurs fois de nom avant de devenir place Stalingrad en 1946. À la suite de travaux de rénovation de la voirie en 1855, cette croix a disparu [Communication de monsieur René Janin. — NDLA.]. Il semble que le choix du paysage et de la forme de la croix soient ici davantage inspirés par les symboles de La Guillotière et de la mission que par la réalité historique.

F.D.T.

Catalogue d’exposition au musée de Fourvière, p. 23.

 

Huile sur toile, 53 x 43 cm, 1818. N° inv. 77.

In La gazette de l'île Barbe n° 75

Hiver 2008

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