Louise Marie de Raucourt avait dix
enfants, quarante-huit petits-enfants, cent sept arrière
petits-enfants, trois arrière arrière
petits-enfant. Entourée de ses parents et de
ses quatre frères et soeurs, Louise Marie eut une enfance
heureuse. En garnison à Angoulême, son père, le
commandant Jaillard, tenait les orgues de Saint-Martial après
celles de la cathédrale de Clermont-Ferrand. Il se
dépensait beaucoup pour la conférenoe de
Saint-Vinvent-de-Paul. Les trois frères de Louise Marie
allaient à l'école Saint-Paul. Le cadet (Charles) y
avait un grand ami en la personne de Joseph Puymoyen ; Joseph a
écrit un livre sur Charles, « grand animateur, grand chrétien,
plein de fougue et qui entraînait ses camarades de
collège à suivre des retraites à la Barde.
» Joseph Puymoyen, lui, a
été tué pendant la guerre de 1914 dans la
tranchée des baïonnettes. Louise se souvenait avoir
été très marquée par les
événements découlant de la séparation de
l'Eglise et de l'État ; ses parents y avaient pris des
positions courageuses qui ont valu à son père de donner
sa démission d'officier. Lorsque sa maman (Constance Goybet)
s'est mariée, elle avait eu la malencontreuse idée de
demander à Dieu vingt ans de bonheur, et c'est exactement de
qu'elle eut ! En effet, quel dommage qu'elle n'en ait pas
demandé plus ! disait Louise. En 1913, Louise avait 14 ans. Sa
famille habitait Lyon, excepté son frère Pierre,
élève officier de marine. Tous les matins, ils allaient
ensemble à la messe à Fourvière. Le 4 novembre,
après cette messe, le commandant Jaillard prenait le train
pour aller présenter son fils Charles à Saint-Cyr... et
ce fut le terrible accident ferroviaire de Melun, où
père et fils ont été retrouvés morts,
chapelets en main. Autre grande douleur de Louise que celle de la
mort de Pierre (jeune officier de marine) sur le Léon-Gambetta, torpillé en 1915 dans l'Adriatique.
En 1919, Louise Marie épousa un
ami d'enfance, Henri de Raucourt, dont le père était
directeur de la Banque de France à Bordeaux, après
l'avoir été à Clermont-Ferrand et à
Angoulême. Le jeune couple n'a son premier enfant
qu'en 1923 ; ils se sont rattrapés ensuite en ayant eu onze
enfants. À chaque fois qu'un enfant était
annoncé, c'était une grande joie et il semble que le
foyer n'ait jamais eu l'idée d'espacer les naissances.
Les deux regrets de Louise Marie : ne
pas avoir eu de jumeaux et ne pas avoir eu de fils prêtre. Onze
enfants, de nombreux déménagements, de longues
navigations pour aller outre-mer (à cette époque, il
fallait compter un mois de mer pour atteindre Madagascar). En tant
que capitaine, Henri Poncelin de Raucourt est affecté à
Madagascar, Dakar, Ajaccio, à Djibouti une seconde fois puis
au Maroc. Mais en 1940, l'officier est fait prisonnier avec ses
Sénégalais. Louise Marie attend alors son
onzième enfant seule à Poitiers. Le couple avait eu la
grande tristesse de perdre un bébé au retour de
Djibouti. À Poitiers, il fallait faire face à une bande
d'enfants pas toujours faciles en plus des difficultés
matérielles de l'époque. Après son évasion, le
père est nommé à Dakar où, en 1942, le
bruit court d'un débarquement des Anglais et ordre est
donné à toutes les familles de plus de trois enfants de
rentrer en France, sans chef de famille évidemment. Trois
paquebots sont affectés : Portos, Aramis et d'Artagnan. L'une des filles de Louise Marie
[Geneviève
Crouïgneau. - NDLR] se
souvient : « A l'escale de
Casablanca, maman nous ayant fait préparer pour aller à
la messe oe dimanche matin, noua étions habillés,
contrairement à beaucoup d'autres familles, quand une alerte
nous a laissé dix minutes pour nous abriter le plus loin
possible du port. "Attachez-vous pour ne pas vous perdre"
nous disaient les marins qui
aidaient les mères de famille en prenant des enfants sur les
épaules. Tout le monde courait.. il y avait déjà
des morts sur le quai... Les Américains et le
porte-avions Jean-Bart
se tiraient dessus !... Et nos
trois bateaux ont été coulés... « Nous voilà de
nombreuses familles de réfugiés sans même une
brosse à dents ! Nous nous sommes retrouvés chez des
colons très généreux à Marrakech et notre
père a été affecté au Maroc. Ce n'est
qu'en 1945 que nous sommes retournés en France, avec les deux
filles aînées en moins, mariées entre-temps... Le
voyage de retour (encore sans son chef de famille, resté
à son poste) a été épique aussi. À
Toulon, le bateau a été mis en quarantaine car il y
avait eu un cas de peste à Casablanca. Le voyage en train
jusqu'à Poitiers a été interminable. Maman
était très fatiguée, la Croix-Rouge s'occupait
de nous à chaque arrêt de gare... » Ensuite M. de Raucourt a pris sa
retraite anticipée, il a acheté une terre en
Tarn-et-Garonne ; les onze enfants étaient pensionnaires
à Poitiers. Mais n'ayant pas un tampérament de
sédentaire, au bout de quelques années, il
décide de revendre sa propriété pour retrouver
le Maroc, Madagascar puis la Réunion. Louise Marie le suit au Maroc, mais en
1967, elle connaît des problèmes de santé et
l'implantation d'un premier pacemaker. Elle décide de rester
près de ses enfants, allant toujours vers ceux qui avaient le
plus besoin d'elle. De temps en temps, son époux
réapparaissait (seulement en été) et ils
séjournaient chez l'un ou chez l'autre de leurs enfants...
Henri de Raucourt meurt en 1981. Depuis, Louise Marie a eu beaucoup
d'autres chagrins puisqu'elle a perdu une fille, une belle-fille,
trois gendres, six petits-enfants et une arrière-petite-fille.
Mais elle a vécu tous ces événements avec une
telle foi dans les retrouvailles qu'elle est restée heureuse
de vivre et agréable aux autres. Elle avait une grande capacité
d'amour à donner, s'intéressant à tout et
à tous. Elle était aimée de tous ceux qui
l'approchaient. Tous aimaient son sourire. Sa grande joie
était de participer aux pèlerinages montfortains avec
les malades à Lourdes, et les responsables témoignaient
de sa capacité à mettre une ambiance de joyeuse
sérénité dans les salles de malades.
À la messe de ses
obsèques, ses petits-enfants lui ont laissé un message
émouvant : «
Bonne-maman chérie, c'était bon de vous avoir si proche
de nous ! Merci d'avoir été si présente, d'avoir
porté nos soucis et nos bonheurs, d'avoir pleuré avec
nous, d'avoir ri avec nous... Nous vous disons "au revoir" avec une
gronde espérance. » « Le bonheur du ciel n'est pas
n'importe quel bonheur, il est le bonheur d'aimer comme Dieu aime,
sans l'ombre d'un retour sur soi, d'une attention à soi.
» (François
Varillon). (Notice
nécrologique.) Guénolée CAUX. Difficile de parler de sa maman ! Une
maman, c'est tellement personnel, tellement unique, et même si
elle n'est pas parfaite, on l'aime comme une maman !... Mais c'est
vrai que la nôtre était exceptionnelle ; elle avait tant
d'amour à donner !... Rappelez-vous : nous étions tous
un peu jaloux de tous ces petits-enfants de sa sœur ; elle les avait
adoptés après la mort de tante Madeleine et elle les
aimait et les connaissait presque autant que les siens ! Sa famille n'était pas
restreinte, loin de là, et elle épousait la famille et
les amis de ceux chez qui elle séjournait ; cela aussi nous
agaçait un peu ! Ce qui m'a étonnée souvent,
c'est de voir cette longue liste d'amis qu'elle se faisait au cours
de ses voyages en train ou aux pèlerinages à Lourdes,
amis avec qui elle correspondait ensuite. Elle racontait sa vie
à tout le monde ! Quelle femme ! Elle était toujours à
l'affût de ce qui pouvait faire plaisir ; et comme sa
petite-fille Odile l'a dit dans les intentions de messe, elle
était d'une grande tolérance et voyait toutes choses
avec des lunettes rosés. Souvenirs... souvenirs... où
l'on voit maman souvent seule (papa étant à
l'armée ou au loin) ; maman ayant en charge tous ces enfants
à faire travailler, à faire grandir... avec tous les
soucis matériels en plus ! maman souvent fatiguée mais
ne le montrant que lorsqu'elle n'en pouvait plus ! Et toujours ce
sourire ! Étonnant aussi et presque
scandaleux que maman ait survécu avec tant de foi et de
sérénité aux départs de sa fille Abbey,
de Marie-France, de ses gendres, mais surtout de ses petits-enfants.
Quelle rage de vivre ! Mais avez-vous vu notre mère
après avoir reçu le bon Dieu ? C'était assez
extraordinaire ! Elle était vraiment ailleurs ! Geneviève
CROUÏGNEAU. Je me souviens de la joie que j'ai
éprouvée à l'occasion d'un retour en France.
L'avion arrivait au petit matin, vers 6 heures à ce qu'il me
semble. Et la première personne que j'ai aperçue
après avoir franchi les différentes barrières
fut ma belle-mère ; à ce moment-là, elle
symbolisait ma famille et ma patrie. J'en ai ressenti un grand
plaisir : je retrouvais mon monde, ayant le sentiment de venir d'une
autre planète. Maintenant que je la vois avec un
certain recul, je me dis que c'était une personne
extrêmement simple et en réalité très
difficile à connaître. Je ne veux pas dire qu'elle
était dissimulée ou secrète — pas du tout. Je
veux dire qu'on peut éprouver un sentiment de mystère
devant une eau limpide dont on ne voit pas le fond, et que ma
belle-mère donnait cette impression. Henri
JOUBERT. Bonne-maman, en nous réunissant
pendant trois semaines auprès d'elle pour chasser ses
angoisses la nuit et la maintenir au petit jour dans ses heures
d'agonie, a réussi à construire une atmosphère
de confiance et de sérénité entre nous. Avec ses
sourires, sa gentillesse, son acharnement à vivre, sa lutte
contre la mort : ce qu'on appelle des temps forts... — en nous
faisant réciter, lire et relire des prières, les
psaumes en particulier, pendant les heures de garde et les quarts de
nuit — puis dans son acceptation à nous quitter, son
renoncement à aller à Lourdes en pèlerin, nous
étions comme suspendus à ses derniers souffles dans un
calme, une communion surnaturelle extraordinaire. Pour elle, un beau
dimanche à l'horizon dans la paix du Christ. Ce fut une
réussite totale ; en famille, nous l'avons aidée
à partir ; espérant, impuissants mais convaincus de son
bonheur éternel. Marielle de
RAUCOURT. 13-16 avril
1996. Bonne-maman est partie comme elle a
toujours vécu : discrètement, sans jamais
déranger, toujours à l'écoute des autres. Elle
m'a toujours stupéfié par la connaissance qu'elle avait
de la vie de chacun de ses enfants, petits-enfants et arrière
petits-enfants ; elle savait toujours les joies, les peines de
chacun, et y participait pleinement. Elle laisse chez nous, les Rancourt, un
vide immense : après le départ de maman (Abbey), de
façon très discrète mais très forte et
très maternelle, elle avait su la remplacer (autant que cela
soit possible de remplacer Abbey). Pour moi, j'ai eu l'impression de
perdre maman une seconde fois. François de
RANCOURT. Difficile d'écrire des choses
personnelles. Ceci simplement : elle vivait pleinement l'instant
présent, en s'y donnant à fond, dans la joie ou la
tristesse. Jamais indifférente, même avec les amis des
amis. Nous avons des témoignages de nos amis, de nos voisins,
qui l'ont peu vue, mais qui ont pleuré en disant que jamais
ils n'oublieront son sourire, sa sérénité, sa
joie de vivre, son amour des enfants, son accueil, etc. Anne
JOUBERT. Quel bon souvenir, quel extraordinaire
dédain du luxe et du superflu ! Annie
BAUDINAUD-PLAIT, une
amie de pension. Le coup de téléphone
reçu tout à l'heure me fait beaucoup de peine.
J'aimais, nous aimions, Magdeleine et moi, beaucoup Lison.
Nos contacts dataient de loin. Avec ma
sœur aînée Louise, nous avons assisté en 1919
à Bordeaux à son mariage. En 1925, arrivant à
Grenoble, nous avons été accueillis par le
ménage Ritte et Lison et nous avons beaucoup
sympathisé. Ensemble, à maintes reprises, nous avons
couru la montagne et passé de longues soirées chez l'un
ou chez l'autre. Ensemble, nous avons fait en 1934 le tour de la
Corse. Nous admirions beaucoup l'exemplaire comportement de
Lison. Bien sûr, avec l'âge, nos
chemins ont divergé et nos contacts se sont espacés ;
ils n'en restaient pas moins profonds. Je suis bien sûr qu'elle a
aujourd'hui reçu là-haut la récompense d'une vie
exemplaire. Général
Jean VALLETTE d'OSIA. La chère Lison a
été une mère totalement dévouée
à ses enfants, toujours prête à les comprendre,
mais prête aussi à l'admiration. Je pense qu'elle nous
laisse un grand exemple d'oubli de soi, d'abnégation. Je n'ai
jamais rencontré quelqu'un qui, aussi spontanément et
avec le sourire, sache se sacrifier. Et elle a toujours
été comme cela. Henriette GOUBAUX.
Je me demande si, dans ma vie, j'ai
rencontré quelque chose de plus charmant que votre mère
et votre tante Madeleine se taquinant au sujet de leurs enfants...
Père J.M.
PESRIN. Bonne-maman portait cette joie en elle.
Dès qu'on l'approchait, on voyait un joli soui rire sur son
visage ; elle était attentive à chacun, chaque
naissance lui apportait un «grand bonheur, elle était
heureuse, elle aimait la vie et la présence de tons autour
d'elle. Denise
TRÉNOY. Son amour, sans ostentation,
était débordant pour le Seigneur et pour tous les
siens, dont elle portait les noms et les soucis dans son cœur et dans
sa prière. Son curé de
Nouaillé-Maupertuis. Nous n'oublierons pas son regard et son
sourire empreints de sérénité, de bonté
et de délicatesse, et surtout l'attention qu'elle portait aux
soucis comme aux joies et aux peines de chacun. Charles
POUZET. Pour moi, c'est un grand vide qui s'est
ouvert... Je l'aimais tendrement. J'aimais sa joie de vivre,
malgré toutes les épreuves qu'elle a connues, j'aimais
son dynamisme ; j'aimais tant ma tante Lison !... Élisabeth
POYET. Bonne-maman, c'est tellement elle,
telle que je la revois : le sourire de ses yeux, son sourire lumineux
! la bonté, la tolérance, l'attention aux
autres. Et sa foi. Elle m'a beaucoup
apporté sur ce plan-là. Et c'est tellement essentiel !
Elle a été un modèle pour moi pendant les
années de Dakar et du Maroc, ce temps de l'adolescence si
difficile à vivre... Elle m'a accueillie tant de fois dans sa
maison, à Marrakech et aussi au cours de vacances à
Mogador ! Claude
CHARPENTIER-CADIEUX. Bonté,
sérénité, joie intérieure. Telle que je
l'ai connue à Marrakech. Quelle reconnaissance pour m'avoir
pris, malgré ses dix enfants, Eric et Yves pendant une
naissance ! Madame
CHAMPOISEAU. Elle fut pour moi la meilleure des
amies et elle m'a toujours accueillie avec mes enfants avec une
affection précieuse et si rare ! Elle était la
bonté même ; je pense que dans sa vie, elle a toujours
cherché le bonheur des autres. Madame
BARRERA. Elle était passionnée par
tout ce qui l'entourait, toujoursà l'écoute des autres,
jusqu'à l'oubli d'elle-même. Dès la
première rencontre, nous l'avons aimée pour cette
gentillesse, si naturelle chez elle, si spontanée, pour cet
intérêt qu'elle avait pour son entourage, curieuse de la
vie et de la race humaine. Lydie
ROSE. C'était la bonté
même, la sérénité, la simplicité.
Tout en elle irradiait l'amour et la paix. Et tellement
présente ! Comment ne pas l'aimer quand on la connaissait
? Denise
ROUBINET. Elle avait une grandeur d'âme et
une sérénité merveilleuses, une foi admirable
qui faisait l'admiration de tout son entourage. Madame
NÉEL. Pensant à celle dont les
profondes qualités, la bonté nous ont si souvent
charmés... Evelyne
MARTIN, jeune fille
faisant le ménage à Montagne. Je n'oublierai ni sa gaieté ni
son ouverture de cœur. Rara.
L'image que je garde est très
donce : une belle grande dame avec de longs cheveux blancs
tressé», un visage bon et un joli sourire. Nathalie PIRAJNO. Je la trouvais vraiment belle et pleine
de sagesse. Madame de Raucourt était une vieille dame à
qui j'aimerais ressembler, plus tard. C'est vrai qu'elle m'a
apporté un peu de bonheur du ciel. Loïse, qui avait été marraine de
bonne-maman à Lourdes lorsqu'elle avait
reçu l'onction des malades, et qui avait 16 ans.
Le Pétureau, Soyaux,
ce mardi 17 janvier 1989. Je veux que tu saches ma grande peine.
Ma seconde fille, Elisabeth de Rancourt, que nous appelons toujours
Abbey, nous a quittés mercredi dernier 11 janvier. Je
réalise mal ce départ — et pourtant elle a vraiment
préparé les étapes qui l'ont amenée
à ce 11. La veille, on avait cru qu'elle ne
passerait pas la matinée. Mais elle a voulu revoir tous ses
enfants — et sa vieille maman. Mon Henri, qui était là
ces derniers jours, a vécu tout cela, et n'en revient pas de
son énergie. L'après-midi de mardi, nous
sommes venus auprès d'elle, tous ses enfants, son mari.
Et ensuite, ils nous ont raconté
que cette nuit avait été inoubliable — comme une nuit
de Noël —, elle parlant à tous. Le matin, après la perfusion,
elle s'est endormie calmement deux heures. Puis elle a dû
sentir que son mari avait encore besoin d'un dernier au revoir. Elle
a ouvert les yeux, leur a encore parlé. Mon Henri m'a dit que
cela n'avait pas duré dix minutes — quelques minutes
simplement, puis elle est partie doucement. Elle a eu sa connaissance jusqu'au
bout, a parlé à tous ses enfants. Cette nuit
dernière, Henri me disait qu'on avait l'impression qu'elle
partait là-haut... et qu'elle revenait auprès de ceux
qui l'entouraient. Mes filles disent qu'elle a
préparé sa mort. Si elle était partie lors de
son opération en mars, elle m'a dit qu'ils n'étaient
pas prêts, qu'ils avaient encore besoin d'elle. On a chanté vendredi le
Magnificat, qu'elle aimait et récitait tous les jours. Et
voilà. J'étais venue depuis le 8
décembre chez mon ménage à Angoulême. Ils
pouvaient m'emmener la voir à Limoges deux fois par semaine.
Je n'arrive plus à écrire. Tu arriveras,
j'espère, à lire cette lettre. Je t'embrasse.
Lison
In La gazette de l'île Barbe n° 25 Eté
1996
*
Onze enfants
Maroc, Madagascor, Réunion