Non, il ne s'agit pas de recettes de
cuisine chinoise à la vapeur, bien qu'il en soit aussi
question, mais des chemins de fer chinois (qui ont conservé
leurs locomotives à vapeur). Paul Théroux, un
Américain de la race des grands voyageurs, a sillonné
pendant un an la Chine en train, et nous rapporte ses rencontres avec
les Chinois, sa découverte des villes et des campagnes, de
Pékin aux régions les plus reculées (Tibet,
Turkestan). Si son récit est souvent
truculent et « anecdotique » comme le veut le genre, il ne
faut pas s'y tromper : derrière la nonchalance du voyageur se
cache un homme remarquablement documenté et curieux, voire
provocateur. Et l'on perçoit mieux ce que
cache l'immensité de ce pays : le traumatisme laissé
par la Révolution culturelle, l'attrait pour la consommation
« à l'occidentale », et un franc-parler de la
population qui témoigne d'une libéralisation (on en
verra les limites lors de la révolte des étudiants en
1989). Ce récit, écrit en 1986, ne fait
évidemment pas état de la situation actuelle, mais
permet de saisir un peu de la réalité chinoise.
Marie-Christine
JAILLARD In La gazette de l'île Barbe n° 2 Eté
1990