Les acteurs: Et maintenant, oyez, bonnes gens,
l'histoire des Cabane en montagne. Un petit tour en Oisans, et c'est
autour de la Meije qu ils avaient choisi de "crapahuter". Casqués, chaussés...
bref, parfaitement déguisés en montagnards, les Cabane
au complet se présentent à 8 heures au
téléphérique. Contacts épineux (les
crabes, pardi...) dans la cabine familiale, où les faces
réjouies prennent vite des couleurs cuivre grâce
à "Chamonia super-protection" Neuf heures : c'est un miracle, nous
démarrons du col des Ruillans sans noeuds ni nouilles, en
direction du dôme de la Lauze (3.564 m). Le temps est
splendide, les mollets sont chauds, et l'optimisme familial est
à son maximum. Et puis ce fut la descente du couloir
débouchant sur le glacier de la Selle... Les acteurs
étaient là. Dommage qu'il manquait le film et le son
!!! Ce n'était pas la famille Fenouillard, mais bien les
Cabane en montagne. Le cirque de la Selle s'en souviendra
longtemps... Cris : "dans la trace", "talons", "enfonce ton piolet",
"attention à la corde", et je passe quelques noms
d'oiseaux. Des "caïds" nous ont doublé
dans ce beau couloir... mais nous nous rendons vite compte que ce ne
sont que des "clampins"... Ces "matamores" de l'Alpe laissent
débarouler un quart de piano à queue qui semble
irrésistiblement attiré par Xavier, alors figé
et inondé des hurlements de son père. Ouf...
l'astéroïde désorienté est passé au
large... Xavier étudiera l'année prochaine la
théorie relative à la quantité de mouvement
!!! Bref, à 12 heures 30, nous
mettons les pieds sous la table au refuge de la Selle (2.672 m) :
repas, sieste. Au diner, la viande et les petits pois nous semblent
uniques... A 20 heures, dodo, boules Quiès. Notre objectif était le Rateau,
mais le temps douteux et même un peu pluvieux nous oblige
à choisir un sommet moins haut : nous irons à la
tête nord du Replat. La montée au col du Replat
s'effectue aisément, les trois Cabane fils cramponnent avec
succès dans cette pente moyenne... Hélas, l'orgueil et
la fierté du père allaient être mis à rude
épreuve dans la suite de l'expédition. L'escalade de la
tête nord du Replat se fait en crampons, s'il vous
plaît... comme à l'exercice ! Ce n'était pas
triste... et Xavier, alors très sentencieux, dit que l'on
devrait s'entraîner plus durant l'année. Mais alors la désescalade,
là, ce fut superbe : qu'est-ce que le pater familias a eu l'occasion de hurler sur une bande de
"loupiots" visiblement peu familiarisés avec de genre
d'exercice ! Finalement, nous parvenons à regagner le col
après ce nouveau et glorieux sommet (3.400 m... et des
poussières !). Descente vers le Châtelleret :
j'ai bien cru que nous passions la journée dans le couloir
rocheux partant du col. Xavier examinait avec soin et lenteur le
rocher, qu'il ne semblait pas trouver totalement à son
goût. Hugues, quant à lui, essayait
l'élasticité de la corde, en faisant des tractions sur
le brin de Xavier agglutiné au rocher. L'aîné
était visiblement "aux anges" pour ces exercices de son petit
frère... Damien, placide, examinait avec beaucoup de
circonspection la situation. Durant tout l'épisode, les
exhortations venaient aussi bien du haut (le
père) que du bas (la mère) ; celles du haut
étaient plus brutales, celles du bas plus persuasives. Bref,
après une bonne heure de labeur, nous étions au bas de
cette cheminée, dès lors appelée "la Walker des
Cabane". Le reste de la descente fut finalement
plus monotone, avec cependant le refrain de Xavier sur ses
pieds. A 12 heures 30, nous atteignions le
refuge du Châtelleret (2.225 m) : casse-croûte,
méditations devant la face sud de la Meije, mais il semble que
seul le père soit envoûté par cette montagne
!!! Famille Bruno
CABANE in
La gazette de
l'île Barbe
n° 4 Printemps
1991