Ce n'est pas une
cérémonie banale ou quelconque qui s'est
déroulée le samedi 7 septembre dernier à
l'Espace Culture Loisirs de Brignais, mais une manifestation de grand
prestige et de panache destinée à rendre l'hommage
appuyé qui revenait de droit à l'une de nos
héroïnes, Mademoiselle Jeanne Pariset, infirmière
des armées (en retraite) et Brignairote de vieille
souche. Les organisateurs avaient bien fait les
choses, puisque vers 17 heures, les personnalités
conviées rejoignaient Monsieur Michel Thiers, maire de notre
cité et vice-président du conseil général
du Rhône, qui les accueillait. Outre Madame le Médecin
Général Inspecteur Micheline Chanteloube, commandant
l'Ecole du service de santé des armées de Lyon-Bron,
qui avait accepté de parrainer la récipiendaire et de
présider la cérémonie, nous avons noté la
participation de Monsieur Francisque Collomb, sénateur du
Rhône, ancien maire de Lyon, Monsieur Xavier Hamelin,
vice-président des conseils général et
régional, Monsieur le Médecin Général
Allouard, chef du service de chirurgie générale de
l'hôpital des armées Desgenettes à Lyon,
accompagné de son épouse, du Père Mondonneix,
curé de notre paroisse, de Monsieur le Président
Départemental des Anciens Combattants, des Prisonniers de
guerre et des Combattants d'Algérie, de Tunisie et du Maroc et
Madame Jacques Barthe, des présidents de nombreuses
associations [dont notre ami
Armand Picard, président départemental des
Médaillés militaires. - NDLA.], parmi lesquelles Rhin et Danube, la
Croix-Rouge française, la 2ème Division blindée, etc. (Nous regrettons
de ne pouvoir citer ici les nombreuses autorités civiles,
militaires, politiques, qui nous ont fait l'honneur et le plaisir de
répondre à l'invitation de la
municipalité)... Avec les drapeaux disposés dans
la salle et sur la scène, l'harmonie municipale et la
batterie-fanfare de l'Espérance et Vaillantes (que nous
remercions sincèrement au passage de leur concours fort
apprécié) rehaussaient l'éclat et le ton de
cette manifestation d'excellente tenue. Après les honneurs
réglementaires et officiels rendus à Madame le
Médecin Général Inspecteur Chanteloube, Monsieur
Michel Thiers ouvrit la série des allocutions pour souhaiter
la bienvenue et remercier les personnalités présentes,
et pour exprimer à Mademoiselle Pariset, outre la joie de la
municipalité et de la cité, qui tenaient à
l'honorer, le plaisir qu'il ressentait à lui rendre l'hommage
public amplement mérité. Puis, sous des formes simples
et « bon enfant », notre maire s'attacha à apaiser
les craintes de la récipiendaire, qui avait souhaité
une manifestation simple, amicale et familiale, trois critères
que les organisateurs avaient tenté de respecter...
Dans son intervention, Monsieur Paul
Malinconi, en sa double qualité d'initiateur du dossier de
proposition et de président d'honneur de Rhin et Danube,
[expliqua les démarches
entreprises, contre l'avis de l'intéressée, et sa
satisfaction d'avoir abouti en avril 1991, et] rappela les qualités d'effacement et de
modestie de Mademoiselle Pariset. Il étaya les thèmes
essentiels d'une carrière exemplaire au cours de laquelle
« l'infirmière
major, combattante aux mains nues, a bravé la peur,
affronté les dangers, sous la mitraille, les bombardements, ou
au volant d'une ambulance, secouru les blessés, dont certains
expiraient dans vos bras.»
Puis il lut la lettre de félicitations que Madame la
Maréchale de Lattre de Tassigny adressait à
Mademoiselle Pariset [cf la
Gazette de l'île Barbe, n°19, p. 10. -
NDLR.], félicitations
auxquelles s'associaient les Généraux Glavany, Sciard
et Jacquier. Après avoir: le Président Martorell
prononça l'allocution dont vous trouverez le texte
intégral ci-joint, destiné à rappeler avec force
les états de services de Mademoiselle Pariset. En termes simples et
châtiés, Madame le Médecin Général
Inspecteur Chanteloube rappela le rôle éminent et
souvent déterminant des femmes sur les théâtres
d'opérations, et dit à Mademoiselle Pariset combien
elle se réjouissait de lui remettre cette croix de chevalier
de la Légion d'honneur qui lui revenait de droit après
l'obtention de quatre titres de guerre et de la Médaille
militaire à titre exceptionnel. Ce fut un moment d'intense
émotion lorsque, [ensuite, au son de la musique de l'harmonie et
de la batterie-fanfare, elle remit solennellement cette croix
à Mademoiselle Pariset, visiblement très
émue.] La cérémonie officielle
touchait alors à son terme avec l'interprétation de la
Marseillaise et du Chant du Départ par l'harmonie municipale. Puis un champagne d'honneur, au cours
duquel [l'Espérance et
Vaillantes et les donneurs de sang bénévoles ont voulu
remercier Mademoiselle Pariset de son bénévolat
à leurs côtés en la couvrant de fleurs,]
clôtura cette
manifestation qui demeurera marquée dans les mémoires
et gravée dans les annales de la cité. Nous tenons à réexprimer
à Mademoiselle Jeanne Pariset nos bien vives, sincères
et très affectueuses félicitations. Pages spéciales
in le Combattant
brignairot, n°18,
octobre1991. Madame le Général,
Monsieur le Sénateur,
Monsieur le Maire,
Vice-Président du Conseil général, Monsieur le Vice-Président du
Conseil régional, Mesdames et Messieurs les Elus,
Messieurs les Officiers
généraux, Monsieur le Curé, Mesdames et Messieurs les Notables de
Briguais, Mesdames et Messieurs les
Présidents d'Associations, Chers Amis Anciens Combattants,
Mesdames, Messieurs, Chère Mademoiselle
Pariset, En ma qualité d'officier
d'abord, de président de la section des Anciens Combattants,
des Prisonniers de guerre et des Combattants d'Algérie, de
Tunisie et du Maroc de Briguais, à laquelle vous êtes
tant attachée, ensuite, je vais tâcher, chère
Mademoiselle Pariset, de brosser, succinctement certes, mais sans en
omettre les étapes importantes, le déroulement d'une
carrière exemplaire, essentiellement consacrée à
soulager les misères des autres, et à épauler,
dans sa lourde mission, le corps médical des armées,
à pied d'oeuvre sur les différents et nombreux
théâtres d'opérations que vous avez
parcourus. Vous avez servi du 1er
juillet 1939 au 10 mars 1942 à l'hôpital militaire
Desgenettes de Lyon en qualité d'infirmière de la
Croix-Rouge française. Le 15 mars 1942, vous rejoignez
l'hôpital militaire de Rabat, au Maroc, avant de contracter, le
1er juillet 1943, un engagement volontaire pour la
durée de la guerre. Le 5 mai 1944, vous êtes
mutée à Oran, en Algérie, pour servir à
l'hôpital d'évacuation n° 421. Le 8 mai 1944, vous êtes
nommée « chef d'équipe » avant d'embarquer,
le 25 mai 1944 à Mers-el-Kébir, à destination de
Naples, en Italie, où vous stationnez quelque trois
mois. En effet, le 24 août 1944, vous
quittez Naples pour participer au débarquement de Provence,
à Sainte-Maxime. Le 18 avril 1945, vous franchissez la
frontière allemande ; vous êtes alors affectée au
25ème bataillon médical de la
9ème division d'infanterie coloniale, cette fameuse
9ème DIC. Un conflit dur, fait d'une
guérilla inhumaine et implacable, éclate alors en
Extrême-Orient. Le 15 octobre 1945, vous quittez l'Allemagne
pour être mutée en Indochine. Vous arrivez à
Saïgon le 28 décembre 1945 pour faire ensuite mouvement
sur Haiphong le 1er mars
1946 et vous vous trouvez affectée à la
1ère unité médicale. Puis vous faites partie du corps de
débarquement du Tonkin au titre de l'opération «
Rach Gia ». Dans le cadre de cette sévère
opération, vous recevez votre première citation
à l'ordre du régiment et êtes
décorée de la Croix de guerre des théâtres
d'opérations extérieurs avec étoile de
bronze. Dans la foulée, vous prenez part
à l'expédition du fleuve Rouge, où la bataille
fait rage ; vous êtes citée pour la deuxième fois
et recevez une nouvelle étoile de bronze. Ce seront ensuite les furieux combats
au corps à corps d'Hoa-Binh, votre courage, votre calme, votre
dévouement dans la mêlée, forcent l'admiration et
entrainent vos chefs à vous citer à l'ordre de la
division ; vous recevez la Croix de guerre avec étoile
d'argent. J'ouvrirai ici une parenthèse
pour laisser la parole à votre supérieur de
l'époque, le Médecin Colonel Xavier Saing
« Infirmière de
l'antenne chirurgicale n°1, d'une grande valeur professionnelle
et d'un courage remarquable. Au cours de l'attaque d'Hoa-Binh, dans
la nuit du 3 mai 1947, s'est dévouée sans compter au
chevet des blessés malgré le feu intense de
l'adversaire. Pendant les vingt jours de l'opération où
son équipe chirurgicale a été employée, a
été sans cesse un magnifique exemple de courage,
d'abnégation et de mépris du danger. »
Le 26 octobre 1947, vous êtes
rapatriée ; six mois plus tard, le 22 mars 1948, vous
contractez un rengagement. Vous êtes alors affectée, en
qualité d'infirmière militaire, à Casablanca,
puis à Marrakech jusqu'au 3 janvier 1953. Vous êtes à nouveau
désignée pour effectuer un second séjour en
Indochine. Vous servez alors dans diverses antennes chirurgicales
mobiles, notamment au centre Vietnam. Le 30 juillet 1954, vous recevez une
citation à l'ordre de la brigade, assortie de la Croix de
Guerre avec étoile de bronze, avant d'être
rapatriée le 25 août 1954. A cette époque, pour
mémoire -triste mémoire -, nos troupes d'élite
(parachutistes, Légion étrangère, tirailleurs
marocains et algériens entre autres) succombent à
Diên-Biên-Phu sous les coups de boutoir incessants du
Viêt-minh. Le 10 juillet 1955, vous recevez la
Médaille militaire, qui vient couronner vos quatre titres de
guerre précédents. Les événements
d'Algérie vous entraînent alors à servir dans le
Constantinois, où vous arrivez le 16 juillet 1955 pour
être affectée, dans un premier temps, à Batna,
secteur particulièrement exposé, puis à
Bône, où vous demeurez jusqu'au 1er
septembre 1959, soit plus de quatre années
consécutives. Le 1er
octobre 1959, vous rejoignez l'hôpital militaire Desgenettes
à Lyon pour y servir jusqu'au 1er
février 1974, avec une interruption de quatorze mois (du 11
juin 1963 au 25 août 1964) pour une affectation à titre
bénévole au dispensaire de Rio, en Haute-Volta.
Comment, oui, comment, je vous le
demande, Mesdames et Messieurs, comment ne pas s'incliner devant
cette carrière exceptionnelle, dont les titres de noblesse
jalonnent toute une vie consacrée au service, au seul service des autres ??? Sinon mieux, mais aussi bien que
quiconque parmi mes frères d'armes, ceux d'Indochine, qui,
à 18.000 kilomètres de chez eux, ont connu la boue
gluante et les sangsues des rizières, les embuscades
tragiques, les ouvertures de routes ou les patrouilles de jour et de
nuit souvent meurtrières, les pièges à tigre
ravageurs, les explosions de mines destructrices, une population
difficile à cerner, des opérations d'envergure avec
leurs cortèges de blessés et de morts, les nuits
d'encre, zébrées de temps à autre par une
fusée éclairante, par les balles traçantes d'un
fusil-mitrailleur ou par les clignotements des lucioles, ceux qui ont
connu les corps-à-corps rageurs, ceux qui ont su ce
qu'était la soif, souvent, la faim, parfois, ceux
d'Algérie également (on ne peut les laisser pour
compte), sinon mieux, mais aussi bien que quiconque parmi mes
frères d'armes, disais-je, je suis
pénétré du fait que cette croix de chevalier de
la Légion d'honneur vous revient de droit, chère
Mademoiselle Pariset, parce que vous avez amplement
mérité de la mère patrie. M.
MARTORELL, président des
Anciens Combattants, des Prisonniers de guerre et des Combattants
d'Algérie, de Tunisie et du Maroc de Brignais.
Merci. Marguerite
REURE Mademoiselle, C'est avec joie que j'ai appris la
distinction dont vous faites l'objet. Le nombre de vos citations et
votre Médaille militaire attestent déjà de votre
courage et de votre dévouement, aussi bien à la
1ère armée française et en Indochine
qu'auparavant en Italie et plus tard en Algérie. Vous avez bien mérité
cette croix de chevalier de la Légion d'honneur. Afin d'associer la mémoire de
celui qui fut votre chef à « Rhin et Danube », je
vous envoie ce document pédagogique, qui vous rappellera le
Maréchal. Il serait fier de vous ! Croyez, avec mes félicitations,
à mon affectueuse sympathie. Je vous donne l'accolade. S. de
LATTRE 1991.
Légion
d'honneur
Au seul service des
autres
Félicitations de la Maréchale de Lattre
*