Index : ACADÉMIE, s. f. - Ecole vétérinaire,
hôtel-dieu des chiens et des chats. Quand on a quelqu'un de ces
compagnons malade, on le "porte à l'Académie". On y
fait aussi subir aux matous certaines opérations
délicates pour leur éclaircir la voix, du moins si
l'effet produit est le même que sur les chantres de la chapelle
Sixtine. Personne chez nous n'appelle
l'École vétérinaire autrement que
l'Académie. Quand M. de la Saussaie, nommé recteur de
l'Académie de Lyon (en français), vint prendre
livraison de son poste, il héla un fiacre à la gare de
Perrache et dit au cocher : "À l'Académie" - Le cocher
le mena tout de go au quai Pierre-Scize. Claude Bourgelat, Lyonnais, fondateur
des écoles vétérinaires, dirigeait à Lyon
l'école que l'on appelait Académie, et où l'on
apprenait aux jeunes gentilshommes un brin de mathématiques,
le blason, mais surtout à monter à cheval, à
voltiger, à faire des armes, à danser, à secouer
élégamment le jabot, -"et autres vertueux exercices",
dit la délibération consulaire qui l'établit ou
plutôt la rétablit en 1716. L'École
vétérinaire instituée par Bourgelat, an 1762,
avec l'appui de l'autorité locale, fut d'abord une annexe de
l'école d'équitation. De là, le nom
d'académie qui l'a suivie partout, à la
Guillotière, à Pierre-Scize, et qu'elle conserve plus
d'un siècle après que l'Académie des jeunes
gentilshommes a cessé d'exister. ALLÉE - Allée qui traverse, Allée qui a deux issues. Où
est-il le temps où, par quelque grosse radée, je venais
de la place de la Comédie chez nous, en rue
Belle-Cordière, d'allée qui traverse en allée
qui traverse et toujours à la soute. Mais hélas:
"Où est la très sage Héloïs ?." On assure que le bien parler exige
allée de
traverse. Pourtant, dans
"allée qui traverse" il n'y a qu'une de ces métonymies
d'effet pour la cause, dont la langue francaise est si
coutumière. Ne dit-on pas, suivant l'Académie, une
rue passante, une couleur voyante ? Une rue qui passe, une couleur qui voit, ne
sont pas moins rares qu'une allée qui traverse. Cette expression est si répandue
chez nous que Saint-Olive, qui soignait son style, n'a pas
manqué à écrire, dans ses Vieux Souvenirs : "Un jour, je me trouvais dans la cour d'une
maison qui traverse de la place de la Comédie à la rue
Désirée." ALLÉE DES
MORTS - C'était une
allée assez large, basse et voûtée en nervures du
XVème siècle, jouxte la façade de
Saint-Nizier, au sud. Elle conduisait à un passage
découvert, qui communiquait avec la rue de la Fromagerie. On a
démoli l'allée et la portion de maison placée
au-dessus. Le passage, fermé le soir par une barrière,
est partout découvert. On l'appelait allée des morts, parce que les enterrements qui venaient du
côté de la Fromagerie y passaient pour entrer par la
façade de l'église. APPRENTISSE s. f. - Apprentie. Le bourgeois (chef
d'atelier), le compagnon, l'apprentisse sont en train de dîner.
L'apprentisse : Bargeois, faites
don fini le champagnon, i me pitrogne par dessous la table
! - Le Bourgeois, à voix
basse : Quaisé-te don,
Parnon, y est moi ! -
L'apprentisse : Ah ! y est vous,
bargeois ! faites, faites ! Archaïsme. "Mon iugement ne
sçait pas faire ses besongnes d'une puérile et
apprentisse intelligence." (Montaigne) - Nicod, 1618 : "Apprentisse,
f. g. de apprenty." En 1694, l'Académie dit encore :
"Apprentif, ive, ou apprenti, isse." Apprentisse est absolument
régulier, car apprenti est tiré du bas latin
apprenticias. La forme apprentif
est postérieure. BÉCHEVELIN - Quartier au sud de la Guillotière, que
l'usine de Laracine pour l'équarrissage des chevaux avait
rendu célèbre. On lit dans le Songe de Guignol, pièce qui précéda de peu
les journées de novembre 1831 : Que de m... [Je ne comprends pas du tout le mot que
représente cette initiale. - NDLA] sanglants se disputiont entre eux.
BELETTER v. a. - Désirer ardemment, convoiter,
couver des yeux. As-te vu
Piedfin, comme i belette la Perrotte ? De belette.
Etre convoiteux comme une belette. BRESSAN - Long,
lourd, lent, lâche.
Proverbe allitéré. On sait que chaque pays daube sur
ses voisins. BUFFALO s. m. - Sorte de car-ripert très
léger, ouvert de toutes parts. M. Clédat a
expliqué la formation de ce mot. En 1889, un Américain,
qui avait pris le nom de Buffalo-Bill (mot à mot Guillaume
Buffle), donna à Lyon des représentations d'une sorte
de cirque de sauvages et de chasseurs de buffles, sur un terrain
éloigné, au cours Lafayette. La Compagnie des Tramways
organisa un service fait par ces voitures, qui étaient encore
inconnues à Lyon. Comme elles conduisaient à
Buffalo-Bill, le peuple leur donna aussitôt le nom de Buffalo,
qu'elles ont gardé. CANUSERIE s. f. - Art de la soie. C'est un bel art, et
qui n'est pas si facile que ça. Pour être bon canut, il
y faut beauceup d'âme. - Fait sur canut,
avec le suffixe collectif erie.
Comparez coutellerie, confiserie, etc. CASUEL,
ELLE adj. - Fragile.
La vertu des femmes n'est
casuelle, disait mon
maître d'apprentissage. Aujourd'hui on fait des assiettes
minces comme de papier pelure, des verres mousseline que n'ont que
l'âme. C'est si casuel que, ça se casse tout seul, si
l'on a le malheur de les regarder de trop près. -
Casuel n'est pas, comme un vain peuple pense, une
corruption de cassant ou
cassable. Casuel, en
métaphysique, se dit de ce qui dépend plus des cas, des
accidents. Or, rien ne dépend plus des accidents qu'une
porcelaine trop fragile. CHAMPAGNON s. m. - Voyez compagnon. CHARPENNE s. f. -1. Bois de charme. Brûler de la charpenne. 2. Bois, bosquet de charmes. C'est de
là que les Charpennes tirent leur nom. Je connaissais un bon
vieux, le père Petit, qui avait enfin pu voir réaliser
son rêve d'entrer à la Charité. Eh bien, père Petit, que je lui
faisais, êtes-vous content ? - Si je suis content,
m'sieu Puitspelu ! Figurez-vous que, le matin, toutes les soeurs
défilent devant mon lit. Y en a qui te vous ont de ces
façades ! Puis voilà-t-i pas que j'ai retrouvé
des petites vieilles que, dans les temps, nous étions
allés manger la salade ensemble aux Charpennes
! - De carpinun,
charme. CHEVAL DE BRONZE. - C'est le nom donné par les Lyonnais
à la statue de Louis XIV sur la plaoe Bellecour. Mon bourgeois
avait un vieil ami, le père Écachepoux, qui
était allé à Paris étant militaire. De
tout ce qu'il avait vu, ce qui l'avait le plus frappé, c'est
que, sur la place des Victoires, il y avait "un cheval de bronze en
marbre" ; ce qui l'étonnait, "le marbre étant beaucoup
casuel". En mars 1848, un tas de racailles fit
des "manifestations" pour faire renverser le Cheval de Bronze,
où l'on voyait "un monument de la tyrannie, qui offensait la
majesté du Peuple" ! Tous soirs ils faisaient en Bellecour un
boucan épouvantable, en criant : "Il partira !" A quoi un
autre groupe répondait : Il ne partira pas !" Mais,
naturellement, les galapiants étaient les plus nombreux. Ils
représentaient le Peuple Souverain. - Un passant, peu au
courant de l'affaire, demanda : "Pourquoi don qu'i veulent descendre
le Cheval de Bronze ? - Pardi, répondit un narquois, pour le
faire pisser !" Depuis ce temps-là, c'est un
gandin classique parmi les canuts que de dire à un innocent :
Te sais pas, on a descendu hier
le Cheval de Bronze. - Ah bah ! Et pourquoi ? - Pour te faire
pisser. Mais ça ne prend
plus. Tout le monde la connait. CHRÉTIEN s. m. - Homme. Je passais de bon matin sur le
pont Seguin. Plusieurs personnes entouraient de larges taches de
sang. On pérorait : savoir si c'était un crime, ou un
animal qu'on aurait tué. Je te dis que c'est du sang de
chrétien, criait un
brave homme ; M. Ferrand t'y
dira comme moi ! Comparez
Molière : "Il faut parler chrétien, si vous voulez
qu'on vous entende !". [
Les précieuses
ridicules, scène VI :
réplique de Marotte, servante des Précieuses ridicules.
- NDLR]. Tradition du moyen
âge, où l'idée d'homme se confondait avec celle
de chrétien. Les non baptisés étaient mis au
rang des bêtes. Un ami me fait observer que, tout du
long de l'ouvrage, j'ai parlé de M. Chrétien sans dire
qui il était. Se pourrait-il qu'un seul de mes lecteurs
ignorât que M. Chrétien était un honnête
homme, qui a rendu à la société des services
beaucoup plus réels que tels ou tels de nos grands
politiciens, M. Rochefort ou M. Clemenceau par exemple, en la
débarrassant de quelques criminels par trop
exagérés. Il habitait aux Charpennes, avec sa dame et
ses deux demoiselles, une petite maison calme, isolée,
poétique, à gauche de la route. La croyance populaire a
de tout temps attribué aux bourreaux quelques vertus
médicatrices, mais M. Chrétien était un grand
médecin et je crois bien que la canuserie tout entière
a défilé dans son cabinet. On eut le bon goût,
s'il m'en souvient, de ne jamais le poursuivre pour exercice
illégal de la médecine. Après sa mort, les
canuts se précipitèrent dans le Raspail. Il n'y avait
pas un ménage où l'on n'eût le Manuel, l'eau
sédative, le camphre, etc. À telles enseignes qu'un de
mes amis, à force de respirer la cigarette de camphre (du
camphre dans un tuyau de plume) s'attira une maladie d'entrailles
dont il est mort. Telle fut du moins l'opinion du médecin qui
le soigna, et dont je n'ai pas à prendre la
responsabilité. COMPAGNON, ONNE quelquefois CHAMPAGNON, s. - C'est l'ouvrier ou l'ouvrière qui
travaille dans la boutique d'un canut, à son propre compte,
mais avec un métier et des ustensiles au bourgeois.
"Gérôme Blicart, compagnon velotier, montant z'un
métier velors trois carts, cheux maître Charpolet,
maison Grimo, à la Granda Côta" (Déclaration d'amour). Le bourgeois prélève la
moitié de la façon du compagnon pour le louage du
métier et des ustensiles, la fourniture du local, de
l'éclairage, du chauffage, etc. - Champagnon
est une dérivation fantaisiste de compagnon. DAUPHINÉ - Pour
boire une bouteille de bon vin avec un brave homme en
Dauphiné, il faut porter le vin et mener
l'homme (à ce que
prétendent les Lyonnais). DAUPHINOIS
- Le Dauphinois, fin et
courtois, sent venir le vent et connaît la couleur de la
bise. ÉQUEVILLES s. f. pl. - Balayures, ordures. Tous ces
politiciens, tous ces gens affamés de crapularité,je
serais d'avis de les jeter aux équevilles. - Fait sur le vieux
francais escouve, balai, de scopa. ESCOFFIER
s. m. - "Vieux terme qui signifie cordonnier", dit Cochard. Il est
aujourd'hui oublié, et même assez inusité
déjà au temps de Molard pour que celui-ci n'ait pas
jugé à propos de le mentionner[Le
Mauvais langage corrigé ou recueil par ordre
alphabétique d'expressions et de phrases vicieuses
usitées en France et notamment à Lyon, Lyon, 1792 - NDLR]. Il signifiait aussi marchand de cuir. - De
corium, par une série de transformations trop
complexes pour les rapporter. Escoffier v. a. - Tuer, spécialement
égorger. - De conficere,
achever, tuer. Français populaire, particulièrement
usité à Lyon. Il y avait à Feurs la rue de la
Cordonnerie, Carreria
Escofferiae, ce que M. Broutin,
dans son Histoire de
Feurs, p. 147, traduit
hardiment par rue des Marchands
de subsistances. FAIM. -
Une faim canife.
Canife est la traduction de
canine, peu intelligible, tandis qu'une faim canife,
on voit tout de suite que c'est une faim aiguisée. Avoir faim comme le Rhône a
soif, N'avoir pas faim du tout,
vu que le Rhône a suffisamment de quoi boire. J'ai une faim, que je la vois
courir. Quand on voit courir sa
faim devant soi, c'est que véritablement on ne saurait
s'abuser sur son existence. FEMME -
Femme du Puy, homme de Lyon font
bonne maison. Parce que l'une
est avare, et l'autre laborieux. Quand la maison porte sur quatre
piliers, la femme en tient trois (quand elle n'en tient pas quatre). Le
sûr, c'est que l'ordre et l'économie de la femme font la
prospérité du ménage. Il faut laisser les portes et les
femmes comme on les trouve.
C'est ce que me répétait toujours mon maître
d'apprentissage (Dieu ait son âme), qui m'a donné tant
de bons conseils. Les femmes en vivent et les hommes
en meurent. C'est un proverbe
que répétait souvent M. Chrétien aux jeunes gens
qui allaient le consulter. FICELLE s.
f. - Nom donné aux chemins de fer funiculaires. Longtemps on a
dit la Ficelle tout court, parce qu'il n'y en avait qu'une.
Aujourd'hui l'on dit la Ficelle de la Croix-Rousse, la Ficelle de
Saint-Just, la Ficelle de la Croix-Pâquet. Cette
métaphore diminutive et méprisante est
admirable. Être ficelle, Être d'une probité
médiocre. M. Finochon est
un homme qu'a de l'estoc ; dommage qu'i soye un peu
ficelle. - Je me demande quelle
analogie on a pu voir entre un morceau de ficelle et un filou ?
Possible quelque vague analogie de consonnance, tout
simplement. GAILLOT s.
m. - Flaque d'eau généralement malpropre. Les
ordonnances du consulat obligeaient les Lyonnais à porter
leurs équevilles dans un grand fossé appelé le
Grand Gaillot. De gaillot en gaillot j'ai
gaffé jusqu'à toi ! a dit notre grand Hugo. Parlant par respect, L'âne va toujours pisser au
gaillot. Manière de dire
que l'argent va toujours aux riches. Ce mot paraît avoir pour base une
onomatopée gail,
exprimant le rejaillissement de l'eau. Cependant on trouve en
celtique kail, boue. GALAPIAN
s. m. - Vaurien, vagabond. T'as
vu sur le journal ce galapian qu'a escoffié une femme ? - Participe présent du gascon
galapia, boire en avalant, manger sans mâcher,
d'un radical galp
(voyez galavard). GALAVARD
s. m. - Vaurien, fainéant, vagabond. S'emploie surtout avec
l'adjectif grand. Il est venu un
grand galavard allonger la demi-aune. - D'un radical galp,
galav, galaf qui
a produit dans les dialectes romans une quantité de mots
où se retrouve la signification de glouton. GANDIN s.
m. - Bourde, piège, tromperie qui consiste surtout à en
faire accroire. Monter un
gandin. Exemple :
I n'ont monté un gandin
à ce grand benoît de Jean-Marie : i z'y ont fait croire
Mlle Fessond, la fille du fabricant, le belette. - Se rattache au bas latin gamnum,
gamnatura, raillerie. GANDOISE
s. f. - Plaisanterie, raillerie. Pistonaud, i nous a dit qu'à Paris, quand
il était sordat militaire, il avait visité
l'intérieur de l'Eau bélisque, que faut pour ça
une carte de Louis-Philippe. Je crois qu'i nous conte de
gandoises. Au figuré Plaisanterie un peu
libre. Il n'est pas convenable de conter des gandoises aux
apprentisses. Forme de gandin, avec substitution à in du
suffixe oise,
d'ensis. GNAFRE
s.m. - Regrolleur, savetier. Nous disons de préférence
un peju. À Paris, ils disent un gniaf. GNAFRON -
Personnage du théâtre Guignol. On connaît assez
son chapeau en tromblon, son énorme ronfle écarlate, sa
bouche où il ne reste qu'une dent. Il est le plus souvent
peju de son état, ce qui motive le nom. Ce
rôle a été tenu, à mon avis, d'une
façon incomparable par le pauvre y qui avait été
canut. GONE s. m.
- Gamin. Par extension se dit d'un adulte, au sens péjoratif.
As-te vu ce gone, il avait
mauvaise câle ! Gone mouvant, Petit gone. Un mouvant,
c'est un moineau qui sort du nid. Donc, gone mouvant, gone qui sort du nid. Assez vraisemblablement du grec
gonoz, fils, enfant. On ne le rencontre, il est vrai,
dans aucun vieux texte lyonnais, mais il figure sous la forme
gonet dans un texte dauphinois du premier tiers du
XVIIIème siècle. Et arton, qui
est bien grec, ne se rencontre non plus dans aucun document.
*Arton nous
est venu par le provençal, où plusieurs mots grecs ont
laissé trace, tandis que gone est
purement lyonnais et pas fort ancien. Gone se
rattache plutôt au vieux français gone ou
gonne, robe, et la forme dauphinoise gonet
confirme cette dérivation. GRAND'CÔTE - Recevoir
un coup de pied au bas de la Grand'Côte. Les Italiens, qui sont classiques, disent
nel preterito. GRAPILLON
s.m. - Montée très roide. Le mercredi 9 avril 1834, la
famille, se sauvant devant l'émeute, prit, pour aller à
Sainte-Foy, le grapillon qui est au bout du pont de la
Mulatière. - Corruption de grimpillon. GRIMPILLON
s. m. - Montée très raide. Voyez grapillon. - De grimper,
avec un suffixe fréquentatif. GROLLE s.
f. - Savate, vieux soulier éculé. Traîner la grolle, Être dans la misère, avec sens
péjoratif. - Substantif verbal du vieux provençal
crollar, de corotulare, branler, remuer Passe la grolle, la grolle, la
grolle, jeu du furet mis
à la portée des gones qui ne vont pas nu-pieds. GUIGNOL -
Le théâtre et le personnage et ses principaux
interprètes sont trop connus pour qu'il y ait lieu de
répéter ce qui a été dit tant de fois.
Mentionnons seulement la locution : C'est un guignol ! qui se dit de quelqu'un de pasquin, qui fait des grimaces. HÔPITAL - C'est
l'hôpital qui se f...che de la Charité. Se dit lorsque quelqu'un blâme un autre
d'un défaut qu'il possède lui-même. On dit aussi
: C'est la poêle qui se
gausse du chaudron, mais cette
dernière locution n'est pas propre à Lyon. Te dis que je suis pas riche ! J'ai
trois maisons en ville ! -Ah bah ! - Oui, j'ai l'Antiquaille, la
Charité et l'Hôpital. - Gandoise de bonne humeur que l'on dit volontiers lorsque
l'on n'est pas très fortement monnayé. Mon père
disait de même : "Tel que vous me voyez, j'ai plus de quatre
millions ! - Je ne vous croyais pas si riche ! - Oui, j'ai quatre
fils, et je ne donnerais pas chacun d'eux pour un million !"
LYON -
Qui perd Lyon perd la
raison. Femme du Puy, homme de Lyon font
bonne maison (voyez
femme). Sais-tu lire ? - Non - Sais-tu nager
? - Je suis de Lyon ! Dicton
dont les Lyonnais sont très fiers. LYONNAIS -
Lyonnais, niais. C'est un proverbe inventé par nos
voisins du Forez, du Dauphiné, de la Bresse, pour se venger de
ceux que nous avons faits sur leur compte. - En Poitou, Lyonnais est
synonyme de scieur de long. LYONNAISE
(LA) - C'est la Marseillaise de
Lyon, qu'un grand poète anonyme a faite en 1848, et qu'on
chantait avec enthousiasme. Elle rend l'esprit lyonnais tout entier
dans sa pureté et dans sa bonhomie. Rien de plus amical, de
plus pacifique, de moins sanguinaire que cette Marseillaise d'un
nouveau genre, surtout lorsqu'elle est chantée avec un fort
accent canut : PARADIS
s.m. - Beau reposoir qu'on fait le Jeudi saint dans nos
églises pour y déposer le saint sacrement, qui y passe
la nuit. Sa beauté et la présenoe du saint sacrement en
font l'image du ciel. PASQUIN -
Individu qui fait rire en faisant des charges, des grimaces.
Il est pasquin comme pas
un. On dit aussi :
Il a l'esprit pasquin
- Le mot n'est pas
péjoratif. PÈGE s. f. - Poix. - Savetier, qu'as-tu ? - J'ai la pège au,
etc., dit une vieille et
gracieuse chanson. Et le vertueux Rabelais parle quelque part d'une
souris
empeigée. - De
pica pour picem. PEJU s.m.
- Regrolleur, savetier. Lorsque Poncet construisait la rue
Impériale, il me disait avec orgueil : Je ne veux pas rien des pejus pour portiers
! - De pège, avec le suffixe u,
d'osus. PITROGNER,
v. a. - Patiner de façon malpropre et grossière.
Cadet, veux-tu bien ne pas
pitrogner ton pain comme ça ? Manie donc ton pain plus proprement. - On avait
marié Mlle X*** d'une honorable famille bourgeoise, bien
connue à Lyon. Le soir de ses noces, son mari voulut lui
témoigner son amour par quelques caresses. Monsieur,
lui dit-elle aigrement,
aurez-vous bientôt fini de me pitrogner comme ça
? (Historique.) - De
pisturire, avec substitution d'un suffixe
fréquentatif et péjoratif. PLATE s. f
- Bateau à laver. Le Lyonnais Besson eut le premier
l'idée d'agencer une plate à l'usage des laveuses. (M.
B.) Lorsqu'une bonne vous apporte quelque nouvelle importante, mine,
par exemple, celle du mariage du fils à la bouchère ou
celle de la grossesse de la fruitière, etc., demandez-lui
d'où elle le tient, elle vous répondra infailliblement
: Madame, on me l'a dit à
la plate. - De plat,
parce que ces bateaux, couverts en terrasse, sont absolument plats et
carrés. QUÈSER
(SE) v. r. - Se taire.
Quand le z'anciens porlent, faut
se quèser. La forme
patoise est restée dans la locution Quési ton bè ! tais-toi ! littéralement tais ton bec. - De quetiare
pour quietare. RADÉE s. f. - Averse, pluie abondante et de courte
durée. - Du vieux français rade,
rapide, de rapidum. REGROLLER
v. a. - Saveter, raccommoder les souliers. - Fait sur grolle (voyez ce mot). REGROLLEUR
s. m. - Savetier. - De regroller. RESPECT -
Parlant par
respect. Formule de politesse
dont on doit accompagner toute expression basse ou qui
réveille une idée répugnante. Même le mot
de fumier ne se doit pas prononcer sans être
précédé de parlant par respect ; et la formule doit toujours
précéder le mot et non le suivre, afin que votre
interlocuteur ait le temps de se préparer à quelque
chose de désagréable. Je connaissais un bon homme qui
poussait si loin la délicatesse à cet égard,
qu'il ne disait jamais "ma femme" sans le faire
précéder de "parlant par respect". RONFLE s.
f. - 1. Toupie métallique. Dans le noël de Jean Capon, le
boeuf, en voyant le diable, souffle "comme une ronfle". 2. Au figuré Nez, gros nez.
"Tiens, voilà les Jacobins - Avec leur ronfle", dit un autre
noël. - Substantif verbal de ronfler,
parce que c'est du nez que l'on ronfle. SOUTE s.
f. - À la
soute, À l'abri.
Eh ben, père Fouillasson,
vous n'avez don gobé la radée ? - Oh, j'avais mon
chapeau monté, je m'ai metu à la soute dessous !
- C'est le substantif
soute, de subtus. TRABOULER
v. n. - S'emploie seulement dans l'expression Une allée qui traboule, Une allée de traverse. J'avais cru le
mot tiré de l'argot, mais il est bien lyonnais. - De
tra (trans) et bouler,
rouler. Allée qui
traboule est pour allée
par où l'on traboule, comme allée qui traverse pour Allée par où l'on
traverse. VOGUE s.
f. - Fête du village, qui coïncide avec la fête
patronale. Puis le nom s'est étendu aux fêtes des
faubourgs et des quartiers. - C'est une dérivation du
français vogue, au
sens d'abondance, affluence. La Vogue des choux, Vogue de la presqu'île Perrache,
où il y avait jadis beaucoup de jardiniers. YONNAIS -
Véritable prononciation de Lyonnais. Nizier du
PLUITSPELU in
La gazette de
l'île Barbe
n° 20 Printemps
1995Académie
Allée
Allée des morts
Apprentisse
Béchevelin
Beleter
Bressan
Buffalo
Canuserie
Casuel
Champagnon
Charpenne
Cheval de Bronze
Chrétien
Compagnon
Dauphiné
Dauphinois
Equevilles
Escoffier
Faim
Femme
Ficelle
Gaillot
Galapian
Galavard
Gandin
Gandiose
Gnafre
Gone
Grand'Côte
Grapillon
Grimpillon
Grolle
Guignol
Hopital
Lyon
Lyonnais
Lyonnaise (La)
Paradis
Pasquin
Pège
Péju
Pitrogner
Plate
Quèser (Se)
radée
Regroller
Regrolleur
Respect
Ronfle
Soute
Trabouler
Vogue
Yonnais
*
Et moi, je lui tendais les mains pour l'embrasser...
Mais je n'ai plus trouvé qu'un horrible mélange
De sale viande et d'os que sentiont la vidange,
Autant Béchevelin ; et de membres affreux