Elle se propose : Bon-papa (Henri Jaillard) et Mamie
(Lisette [Elisabeth] Jaillard-Pariset) ont été des
adhérents de la première heure de "Lyon 93". Depuis,
notre famille y a été représentée par
Georges Lepercq et Philippe Rambaud. J'y ai moi-même
adhéré cette année. Nous descendons en effet des "victimes"
suivantes ou de leurs frères ou soeurs :
Claude-François Neyrat, Gabriel et Gabriel-Claude Servan
(côté Jaillard), Charles-François Millanais de la
Thibaudière (côté Goyet), Dominique Gounet,
Jean-Guillaume et Laurent Berthon du Fromental (côté
Pariset), Mathieu-Michel et Pierre Muguet, Jeanne Bauquis
(côté Bidreman), Etienne Basset (?). Outre des Neyrat,
Servan et Milanais, les Lepercq descendent aussi d'Etienne Fichet ;
et les Rambaud de Jean-Marie Charasson, Henri Jordan,
Benoît-Louis Saint-Michel. Or le 6ème tome du Mémorial de Lyon en 1793- Vie, mort et
famille des victimes lyonnaises de la
Révolution, à
paraître début 1992, sera consacré aux victimes
Millanais et Bellescize. Actuellement, un descendant Millanais,
Dominique Lafont (66, rue Duguesclin ; 69006 LYON), travaille
à cette descendance, qui devrait rassembler près de
10.000 personnes, en quelque 500 pages. Vous comprendrez aisément tout
l'intérêt de cette entreprise, des suites de laquelle
nous vous informerons. Pour la favoriser, vous voudrez bien
réserver le meilleur accueil à notre cousin
généalogiste ! Pierre
JAILLARD La frontière du bien et du mal
nous traverse tous ; chacun, nous portons en nous le meilleur et le
pire. Nous sommes tous blanc et noir. Les mouvements humains sont
logés à la même enseigne ; la Révolution
française en est un exemple typique : elle est née dans
une société bloquée qui aspirait à plus
de justice et plus de liberté, elle a été
servie, aussi, par des hommes réellement au service du bien
commun, elle a mis en exergue des valeurs humaines
indéniables, même si ce n'est pas elle qui les a
inventées, comme les droits de l'homme... et elle a connu des
bavures dramatiques, dont certains de nos ancêtres ont
été les victimes. Aujourd'hui, on peut aimer la
Révolution à cause des valeurs humaines qu'elle a fait
triompher et dont nous sommes les héritiers, sans renier notre
solidarité avec les victimes. Saluons la dévotion filiale de
« Lyon 93»... mais nous avons aussi d'autres
solidarités, même si nous n'avons pas d'ancêtre
parmi les révolutionnaires ou parmi les martyrs de la
répression contre la Commune. Serait-il beaucoup demander à
la Gazette de l'île
Barbe de chercher si par hasard
nous avions des ancêtres parmi les révolutionnaires ou
parmi les victimes de la contre-révolution ? Jacques
LEPERCQ Un livre à lire : Ce livre couvre cent ans d'histoire.
Cent ans au cours desquels l'Eglise, après avoir subi — et
parfois promu — le choc de la Révolution, a dû
continuellement se situer par rapport à elle : de l'Eglise
constitutionnelle à la « contre-révolution
irréconciliable », de l'Eglise des
évêques-réunis au concordat, autant d'attitudes
dont nous sommes pour une part les héritiers. 1789, 1830,
1848, 1870, Pierre Pierrard suit pas à pas, sans
polémique, cette histoire où la passion et les
préjugés ont servi trop souvent d'arguments. Cet
ouvrage extrêmement documenté, qui se lit au fil de
l'événement, ouvre au lecteur des perspectives
inattendues. Le mercredi 13 juin 1789, à
Versailles, trois curés de France, élus aux Etats
généraux par le clergé de la
sénéchaussée du Poitou : Lecesve, curé de
Sainte-Triaize de Poitiers, Ballard, curé du Poiré,
Jallet, curé de Chérigné, quittent la salle
où se tiennent les députés du clergé pour
se présenter à l'entrée de la salle des Menus
Plaisirs, où siègent les membres du tiers état :
ils annoncent qu'ils viennent, « conduits par l'amour du bien
public », se placer aux côtés de leurs «
frères » non privilégiés. L'accueil est
enthousiaste, délirant même : « chacun se presse
autour des curés ; on les embrasse ; chacun s'intéresse
à leur sort... » C'est que cette démarche amorce
un processus qui s'avérera irréversible et qui
revêt une importance capitale : la transformation, qui sera
effective le 27 juin, des Etats généraux en
Assemblée nationale. Cette transformation constitue
véritablement la Révolution, le passage décisif
d'un régime soumis à la souveraineté absolue du
roi au régime constitutionnel qui sera mis en place par les
représentants de la Nation, désormais souveraine. Cet
événement majeur justifie la boutade
célèbre : « Ce sont ces f*** curés qui ont
fait la Révolution. » Cent ans plus tard, presque jour pour
jour, les 24, 25 et 26 juin 1889, dans la salle de la
Société d'agriculture, 84, rue de Grenelle, des
centaines de catholiques notables, délégués des
dix-huit assemblées provinciales organisées par «
l'Association catholique », sont réunis pour dresser le
bilan — totalement négatif à leurs yeux — du
siècle écoulé, fils de la Révolution
française. Ils viennent acclamer le comte Albert de Mun,
leader du catholicisme le plus engagé, le plus « social
», qui clame : « Nous sommes la Contre-Révolution
», et qui stigmatise, en termes éloquents et
définitifs, la « doctrine révolutionnaire (...),
une doctrine nouvelle, préparée dans les esprits par un
long travail accompli depuis la Réforme, mais proclamée
pour la première fois comme base de la constitution sociale :
la séparation absolue entre la loi divine et la loi humaine,
celle-ci affranchie de tout lien avec l'autre et fondée sur
l'indépendance absolue de l'homme vis-à-vis du
Créateur... » Que s'est-il donc passé, au
cours de ce siècle, pour qu'un tel retournement ait pu se
produire, pour que l'Eglise de France, partie prenante dans la
Révolution de 1789, soit devenue, en 1889, résolument
contre-révolutionnaire ? Des éléments de
réponse sont fournis par le présent ouvrage, qui ne
prétend pas renouveler l'histoire religieuse de la
Révolution française [Ce renouvellement, de nos Jours, est
essentiellement l'œuvre de Bernard Plongeron et de son école.
— NDLA], mais croit pouvoir
éclairer des comportements qui ne sont pas étrangers
aux nôtres. A la veille de la célébration du
deuxième centenaire de la Révolution française —
une célébration qui est révélatrice de
passions antagonistes anciennes —, il m'a semblé utile de
retracer les itinéraires qui ont abouti, en 1889, à la
célébration, par les catholiques de France, du premier
centenaire, dans un esprit qui fut comme le négatif de
l'enthousiasme de la jeune République laïque exaltant la
Grande Révolution, sa mère centenaire mais toujours
jeune. Pierre
PIERRARD. in
La gazette de
l'île Barbe
n° 5 Eté
1991