J'ai participé cet automne,
comme déjà les deux années passées,
à un concours de dessin organisé par les
hypermarchés Cora, intitulé «les Ecoles du
désert». Il s'agissait cette année d'habiller une
silhouette africaine en carton. Je me suis donc lancée dans la
confection de 700 fleurs en crépon pour habiller la silhouette
que j'avais reproduite en grillage. Cela a séduit le jury et
m'a permis de gagner le premier prix et d'être choisie comme
ambassadrice des Ecoles du désert. La mission des Ecoles du désert
est de distribuer du matériel scolaire à des
écoles d'Afrique, et cette année, c'est le Mali qui a
été choisi. Tout le financement de cette
opération est assuré par des sponsors
et c'est ainsi que treize fournisseurs coopèrent avec Cora
pour réaliser cette opération humanitaire. C'est ainsi qu'avec les cinquante-cinq
autres gagnants (un par hyper Cora de France), je suis partie neuf
jours, du 28 décembre au 5 janvier derniers, à la
découverte de l'Afrique. Le Mali est le plus grand Etat de
l'Afrique de l'Ouest (avec une superficie deux fois plus grande que
celle de la France). Notre caravane, composée de
quelque trente-cinq 4x4 et de trois camions, a suivi le fleuve Niger
de Gao à Mopti, soit près de 900 km. Dimanche 29 décembre, 7 heures,
nous atterrissons donc à l'aéroport de Gao, et
dès 9 heures, les élèves de l'école de
Bera viennent nous chercher à notre bivouac et nous
emmènent par la main jusqu'à leur école (6
classes pour 290 élèves !). Pour symboliser la
fraternité, nous plantons cinq arbres dans la cour de
l'école ; puis nous nous rassemblons sur la place du village,
où les agriculteurs du village nous montrent en dansant leur
façon de travailler aux champs ! Ensuite, la dotation commence
: les visages des enfants africains s'éclairent tandis que
nous posons sur un grand tapis tous les matériels scolaires
que nous leur apportons : cahiers, crayons, livres, sans oublier les
ballons de foot. À la fin de la dotation, les
enfants nous font visiter leur village, toujours en nous tenant la
main ; une femme nous invite chez elle et nous offre à chacun
un éventail tressé très pratique. Quel accueil,
quelle joie ! La séparation est déjà difficile.
Je pense encore à cette première rencontre. Ainsi, de jour en jour, de
découverte en découverte, le voyage se poursuit. Nous
déménageons notre tente tous les jours ! Dans chaque
village, des danses pour nous accueillir, auxquelles nous sommes
invités à prendre part. On tape sur des tam-tams, des
bidons ou des bassines. Partout des enfants heureux,
malgré leur pauvreté et les innombrables mouches qui
accompagnent tout le monde. Ils jouent au cerceau, qu'ils font rouler
avec un bâton. Les «grandes soeurs» gardent leurs
petits frères ou soeurs dans leur dos. À Tombouctou (ville de 30 000
habitants), j'ai été frappée par le manque
d'hygiène : des mauvaises odeurs ; sur le marché, des
étals de viande et de poisson recouverts de mouches ! Des
petits vendeurs nous accostent et nous proposent bijoux en argent et
articles de cuir de chameau. C'est à qui marchandera le
plus. Vingt pour cent des enfants maliens
sont scolarisés. L'effectif par classe est très
élevé : de 50 à 100 élèves par
classe et même 200 à Tombouctou. Une toute petite
ouverture dans la salle de classe que j'ai visitée. Il fait
sombre, il n'y a pas d'électricité. Le mobilier : un
tableau, des tables et des bancs ! Il y a 80 % de musulmans, 15 % de
chrétiens et 5 % d'animistes (pour cette religion, chaque
être, animal, végétal ou minéral, est
doté d'une âme). J'ai échangé des crayons
et des pin's contre des bracelets, et rapporté cinq adresses
de petits amis africains. Je leur écrirai. J'ai
rapporté du sable des dunes roses. J'ai dans les yeux les
images des visages d'enfants heureux, j'ai envie de retourner
là-bas... c'était magique, c'était super !
Quelle aventure! Claire
POYET in
La gazette de
l'île Barbe
n° 28 Printemps
1997