Voyage au Mali

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Je m'appelle Claire Poyet, j'ai 13 ans et je suis en troisième au collège de Lutterbach, dans la banlieue de Mulhouse. J'habite avec mes parents et mes deux grands frères à Lutterbach.

J'ai participé cet automne, comme déjà les deux années passées, à un concours de dessin organisé par les hypermarchés Cora, intitulé «les Ecoles du désert». Il s'agissait cette année d'habiller une silhouette africaine en carton. Je me suis donc lancée dans la confection de 700 fleurs en crépon pour habiller la silhouette que j'avais reproduite en grillage. Cela a séduit le jury et m'a permis de gagner le premier prix et d'être choisie comme ambassadrice des Ecoles du désert.

La mission des Ecoles du désert est de distribuer du matériel scolaire à des écoles d'Afrique, et cette année, c'est le Mali qui a été choisi. Tout le financement de cette opération est assuré par des sponsors et c'est ainsi que treize fournisseurs coopèrent avec Cora pour réaliser cette opération humanitaire.

C'est ainsi qu'avec les cinquante-cinq autres gagnants (un par hyper Cora de France), je suis partie neuf jours, du 28 décembre au 5 janvier derniers, à la découverte de l'Afrique.

Le Mali est le plus grand Etat de l'Afrique de l'Ouest (avec une superficie deux fois plus grande que celle de la France).

Notre caravane, composée de quelque trente-cinq 4x4 et de trois camions, a suivi le fleuve Niger de Gao à Mopti, soit près de 900 km.

Dimanche 29 décembre, 7 heures, nous atterrissons donc à l'aéroport de Gao, et dès 9 heures, les élèves de l'école de Bera viennent nous chercher à notre bivouac et nous emmènent par la main jusqu'à leur école (6 classes pour 290 élèves !). Pour symboliser la fraternité, nous plantons cinq arbres dans la cour de l'école ; puis nous nous rassemblons sur la place du village, où les agriculteurs du village nous montrent en dansant leur façon de travailler aux champs ! Ensuite, la dotation commence : les visages des enfants africains s'éclairent tandis que nous posons sur un grand tapis tous les matériels scolaires que nous leur apportons : cahiers, crayons, livres, sans oublier les ballons de foot.

À la fin de la dotation, les enfants nous font visiter leur village, toujours en nous tenant la main ; une femme nous invite chez elle et nous offre à chacun un éventail tressé très pratique. Quel accueil, quelle joie ! La séparation est déjà difficile. Je pense encore à cette première rencontre.

Ainsi, de jour en jour, de découverte en découverte, le voyage se poursuit. Nous déménageons notre tente tous les jours ! Dans chaque village, des danses pour nous accueillir, auxquelles nous sommes invités à prendre part. On tape sur des tam-tams, des bidons ou des bassines.

Partout des enfants heureux, malgré leur pauvreté et les innombrables mouches qui accompagnent tout le monde. Ils jouent au cerceau, qu'ils font rouler avec un bâton. Les «grandes soeurs» gardent leurs petits frères ou soeurs dans leur dos.

À Tombouctou (ville de 30 000 habitants), j'ai été frappée par le manque d'hygiène : des mauvaises odeurs ; sur le marché, des étals de viande et de poisson recouverts de mouches ! Des petits vendeurs nous accostent et nous proposent bijoux en argent et articles de cuir de chameau. C'est à qui marchandera le plus.

Vingt pour cent des enfants maliens sont scolarisés. L'effectif par classe est très élevé : de 50 à 100 élèves par classe et même 200 à Tombouctou. Une toute petite ouverture dans la salle de classe que j'ai visitée. Il fait sombre, il n'y a pas d'électricité. Le mobilier : un tableau, des tables et des bancs !

Il y a 80 % de musulmans, 15 % de chrétiens et 5 % d'animistes (pour cette religion, chaque être, animal, végétal ou minéral, est doté d'une âme).

J'ai échangé des crayons et des pin's contre des bracelets, et rapporté cinq adresses de petits amis africains. Je leur écrirai. J'ai rapporté du sable des dunes roses. J'ai dans les yeux les images des visages d'enfants heureux, j'ai envie de retourner là-bas... c'était magique, c'était super ! Quelle aventure!

Claire POYET

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in La gazette de l'île Barbe n° 28

Printemps 1997

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