Le quartier Saint-Georges au temps de Louis XV

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Albin Mayet rappelle que nos ancêtres Fleury Jaillard (1723-1779) et Claudine Bourret (1730) « habitaient à Lyon le quartier Saint-Georges. » Le voici à l'époque.


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Saint-Georges formait alors un quartier à part, ne ressemblant à aucun autre ni par sa physionomie, ni par la manière d'être de ses habitants. Point de quai dont les lignes monotones vinssent attrister le regard ; des petits ports ombragés, s'inclinant en pente douce sans escaliers, sans parapets ; autour de la commanderie et de l'église, un fouillis de constructions délabrées reflétant dans les eaux vertes de la Saône leurs murailles ocreuses et leurs balcons de bois où pendaient des nippes de toutes couleurs ; et, tout le long de la rive à la courbe gracieuse, un encombrement de bateaux, de plattes aux toits baroques, de pilotis vermoulus... Là vivait une population de très braves gens : teinturiers, artisans, petits boutiquiers, quelques jardiniers vers la Quarantaine ; de nombreux enfants, égayant de leurs jeux les rues et les ports ; les garçons servant de clergeons aux églises voisines ; des bourgeois et des nobles, sans ostentation, habitant leur propre maison dépourvue de luxe, secourables aux pauvres, fraternels envers les ouvriers. « L'aristocratie bourgeoise, écrit un contemporain, était inconnue dans le quartier Saint-Georges ; nobles, prêtres, bourgeois et ouvriers ne faisaient qu'une seule et même famille ; tous se connaissaient d'antique origine, et chacun s'observait selon son rang social. »

Emmanuel VINOTRINIER

in Vieilles Pierres lyonnaises, vers 1910, IV, III

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