Saint-Georges formait alors un quartier
à part, ne ressemblant à aucun autre ni par sa
physionomie, ni par la manière d'être de ses habitants.
Point de quai dont les lignes monotones vinssent attrister le regard
; des petits ports ombragés, s'inclinant en pente douce sans
escaliers, sans parapets ; autour de la commanderie et de
l'église, un fouillis de constructions délabrées
reflétant dans les eaux vertes de la Saône leurs
murailles ocreuses et leurs balcons de bois où pendaient des
nippes de toutes couleurs ; et, tout le long de la rive à la
courbe gracieuse, un encombrement de bateaux, de plattes aux toits
baroques, de pilotis vermoulus... Là vivait une population de
très braves gens : teinturiers, artisans, petits boutiquiers,
quelques jardiniers vers la Quarantaine ; de nombreux enfants,
égayant de leurs jeux les rues et les ports ; les
garçons servant de clergeons aux églises voisines ; des
bourgeois et des nobles, sans ostentation, habitant leur propre
maison dépourvue de luxe, secourables aux pauvres, fraternels
envers les ouvriers. «
L'aristocratie bourgeoise, écrit un contemporain, était
inconnue dans le quartier Saint-Georges ; nobles, prêtres,
bourgeois et ouvriers ne faisaient qu'une seule et même famille
; tous se connaissaient d'antique origine, et chacun s'observait
selon son rang social. » Emmanuel
VINOTRINIER in Vieilles Pierres lyonnaises, vers 1910, IV, III
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