La Thaïlande :

une porte ouverte sur l'Asie

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Peu crédible serait "l'étranger" qui prétendrait connaître la France et ses habitants après avoir sillonné notre pays en tous sens durant une quinzaine de jours. C'est pourquoi, au terme d'un périple de 3.000 km en Thaïlande, dont 2.000 en car, plus particulièrement au nord et à l'est de Bangkok, je me limiterai à souligner ce qui nous a "impressionnés", ce qui nous a conduits à des réflexions non achevées en l'état, et à des constats pas assez nombreux pour analyser les "racines" essentielles d'un peuple et d'une civilisation.

 

Impressions d'Asie

 

Au surplus, la quasi-totalité d'entre nous atterrissait pour la première fois sur une terre d'Asie... et ce fut "un choc". Les renseignements recueillis çà et là avant notre départ dans des ouvrages et auprès d'amis "en revenant" avaient aiguisé notre curiosité. Et pourtant, nous ne nous attendions pas, en ce mois de janvier 1993 à :

 

 

 

 

Cela étant, nous n'avons pas été à même d'aborder le problème de la drogue, celui de la prostitution et de leur corollaire, le SIDA, qui contaminerait dans certaines villes le quart de la population. Nous n'avons pas davantage visité des centres industriels ni analysé les conditions de travail...

Ce fut néanmoins un "tour" passionnant, quelque peu déformé par le souci des organisateurs de "faire plaisir" au touriste, de combler son regard, de "l'assister" au maximum dans un pays carrefour de tous les contrastes de l'Extrême-Orient, où chaque jour apporte son lot de surprises.

 

Face à cinquante millions de bouddhistes

 

Découvrir la Thaïlande, c'est découvrir une autre culture et une autre "sensibilisation" religieuse avec une prédominance (90 %) pour le bouddhisme.

Le bouddhisme n'est pas, en principe, une religion mais une philosophie. La vie est une succession de réincarnations et il appartient à chacun, par son comportement, de "mériter" de meilleures vies futures. Rien n'est stable ni permanent en ce monde. L'existence est un perpétuel devenir, le bénéfice du don va à celui qui donne. Alors, on donne dans les temples... de la nourriture, des fleurs, des fruits, des feuilles dorées... c'est un va-et-vient permanent.

On donne aussi dans la rue, de bon matin, à ceux des moines qui, pieds nus, sillonnent villes et campagnes avec pour tout bagage une pièce de coton, couleur safran, pour se vêtir, un bol à aumône, une ombrelle et une moustiquaire... car la possession enfante la souffrance.

Il faudrait tout un volume pour mettre en exergue les principes du bouddhisme thaïlandais ("Petit Véhicule").

Ce qui a attiré plus particulièrement notre attention, c'est à la fois :

En revanche, la croyance à des forces surnaturelles qui conditionnent le rythme de la vie engendre une très grande variété de rites de protection. Le culte des "esprits", pas toujours bienveillants, l'astrologie, la connaissance des bons et des mauvais augures imprègnent la vie quotidienne.

Dans une société d'abondance qui célèbre l'argent et le profit, il faut beaucoup de talent pour rester vertueux et préparer sa réincarnation après une mort qui n'est qu'un épisode.

La foi du chrétien européen confrontée à celle de cinquante millions de Thaïlandais peut s'enrichir de ces différences fondamentales de comportements religieux et plus particulièrement de l'absence de toute référence, dans le bouddhisme, à l'amour de quelqu'un qui donne gratuitement.

Philippe RAMBAUD

In La gazette de l'île Barbe n° 14

AUtomne 1993

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